Les promoteurs du barrage de Sivens (Tarn) ont débuté mercredi le déboisement d'une nouvelle parcelle. Les opposants au projet dénoncent un « passage en force ».
Quelque 150 gendarmes mobiles ont délogé de leur « quartier général » les opposants au barrage pour permettre aux engins de déboisement de défricher une zone jusqu'ici épargnée, a rapporté à l'AFP par téléphone Guillaume, un militant. Cette nouvelle intervention des forces de l'ordre fait suite à une décision de justice vendredi qui autorisait l'expulsion de cette parcelle où les opposants au barrage avaient installé leur lieu de vie.
« Il y a manifestement une volonté de passage en force », a dénoncé Guillaume, résumant le sentiment général des opposants au projet. Ben Lefetey, président du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, actuellement en grève de la faim, a rappelé qu'un recours en référé demandant la suspension des travaux devait être examiné le 15 septembre 2014 par le tribunal administratif de Toulouse.
Le barrage-réservoir, d'une capacité de 1,5 million de mètres cubes d'eau stockée, doit être construit sur la « zone humide » du Testet. Ce projet public vise à soutenir l'étiage du Tescou, un petit affluent du Tarn, et à sécuriser l'approvisionnement en eau d'une vingtaine de fermes avoisinantes.
Pas de moratoire
Les opposants – soutenus au niveau national par Europe Écologie-Les Verts (EELV) – se disent résolus à empêcher la destruction de cette « zone humide », un réservoir de biodiversité qui abrite des dizaines d'espèces protégées d'animaux et dénoncent, sur le fond, un modèle d'agriculture irriguée selon eux dépassé.
Lundi, ils pensaient avoir fait progresser leur cause, la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, ayant annoncé l'envoi d'experts pour évaluer le projet. Mais le président socialiste du conseil général du Tarn, Thierry Carsenac, a depuis opposé une fin de non-recevoir à tout moratoire, assurant que le projet répondait « pleinement aux objectifs de Ségolène Royal ». Le député socialiste du Tarn Jacques Valax a abondé dans son sens, jugeant par ailleurs le mouvement de contestation « irresponsable ».
Mercredi matin, une vingtaine de militants campaient devant le Conseil général à Albi, qu'ils avaient brièvement occupé mardi avant d'en être délogés par les forces de l'ordre.