Mariann Fischer Boel était mardi à Paris, devant la Saf-Agriculteurs de France, pour convaincre du bien-fondé des propositions du bilan de santé de la Pac réformée en 2003. «La Pac doit fournir un niveau de sécurité en cas de crises et combler les lacunes liées aux échecs du marché. C'est ce que fait efficacement le découplage», a-t-elle déclaré.
Elle justifie ainsi sa volonté de découpler à 100% les aides de la production, à l'exception de celles liées aux vaches allaitantes, aux ovins et aux caprins. «Ne voyez pas le diable derrière ces propositions. La suppression de l'intervention sur le colza en 1993 a eu pour conséquence d'augmenter les prix», a fait remarquer la commissaire européenne à l’Agriculture.
Le marché, c'est aussi l'argument qu'elle invoque pour justifier l'abolition des quotas laitiers. En effet, Mariann Fischer Boel estime que leur maintien empêche la conquête de nouvelles parts de marché. Et leur augmentation (1% par an), associée à un soutien du lait de montagne, évitera l'effondrement de ce secteur. Si les Etats membres souhaitent aller plus loin, le bilan de santé de la Pac offre aussi la possibilité de redistribuer les aides, notamment au profit des hectares d'herbe, a-t-elle plaidé.
Ce qui ne sera pas la cas de l'assurance revenu. «C'est le moyen le plus distorsif de soutenir les agriculteurs. Elle n'arrivera jamais en Europe», a averti Mariann Fischer Boel. Elle a aussi rappelé que les Américains devraient remettre en question leur système d'assurance revenu en cas de désaccord de l'OMC.
Les Etats membres devront se contenter des fonds du premier pilier (au maximum 10%) pour développer des assurances contre les aléas climatiques et les risques sanitaires.
La commissaire a également minimisé l’impact de la hausse proposée de la modulation des aides du premier pilier (soutiens au marché) vers le développement rural (deuxième pilier): «Le projet est tellement modeste qu'il ne va pas créer autant de ravages qu’un plafonnement des aides.»
Ainsi, Mariann Fischer Boel martèle, espérant rassurer en expliquant qu'il n'est pas question d'une libéralisation effrénée.