La Commission européenne a plaidé jeudi pour un développement international des biocarburants, mais a souligné que la production de cette énergie alternative ne devait pas nuire à l'environnement.
«Cette source d'énergie propre et renouvelable a le potentiel de nous aider à répondre au double défi que sont le réchauffement climatique et la sécurité énergétique auquel nous faisons face», a déclaré la commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, à l'ouverture d'une conférence internationale sur les biocarburants à Bruxelles.
Elle a rappelé qu'en mars, l'UE s'était engagée à ce que les énergies renouvelables comptent pour 20% de son cocktail énergétique et les biocarburants pour 10% des carburants consommés d'ici à 2020.
Mais alors que la production mondiale de biocarburants devrait «quadrupler dans les années qui viennent», «nous ne pouvons nous permettre de fermer les yeux devant les inconvénients», a insisté la commissaire.
Le commissaire à l'Energie, Andris Piebalgs, a lui aussi insisté sur la nécessité de fixer pour les biocarburants «des normes de durabilité». «Seuls les biocarburants qui respectent ces normes seront comptabilisés dans l'objectif de 10%» et seuls ceux-là pourront bénéficier d'exemptions fiscales, a-t-il ajouté, précisant que ces normes s'appliqueraient à la production européenne mais aussi aux importations.
L'UE devra s'assurer que les normes pour les biocarburants «ne créent pas d'obstacles non nécessaires» au commerce international, a-t-il cependant ajouté.
Quant à Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce, il a estimé que l’UE devrait, pour des raisons environnementales, ouvrir ses frontières aux importations de biocarburants à bas prix.
Une position qui a fait réagir vivement le Copa-Cogeca (organisations agricoles européennes). «C’est fermer les yeux sur les réalités économiques de ces pays», a déclaré jeudi M. Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca.
«Personne ne dit que l’Union européenne doit fermer la porte aux importations. Cependant, écarter d’emblée, comme le fait M. Mandelson, la contribution que peuvent apporter les agriculteurs européens à remplir les besoins énergétiques de l’UE, c’est une réaction que l’on pourrait plutôt s’attendre à entendre dans la bouche d’un ministre brésilien des exportations, par exemple, que du commissaire européen au Commerce», a conclu la secrétaire général.
D'autres intervenants à cette conférence ont insisté sur la nécessité d'allier développement des biocarburants et protection de l'environnement. Ils se sont par ailleurs exprimés sur le fait que les biocarburants ne pouvaient être qu'une des solutions de rechange aux énergies fossiles.
«Tout le monde reconnaît que malgré les projets impressionnants développés dans de nombreux pays, le résultat sera 5, 7 ou 10% de la consommation mondiale dans un futur prévisible», a résumé le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Claude Mandil.
«Cela veut dire que ce n'est pas la panacée. C'est un outil important mais ce n'est pas celui qui remplacera le pétrole», a-t-il ajouté.
De son côté, le président brésilien Lula a estimé que «la production de biocarburants est une chance pour tous les pays pauvres de se développer et de limiter leur dépendance énergétique en ayant à leur disposition des "plantes à pétrole".»