La première usine en France de production de biodiesel à partir de graisses animales impropres à la consommation a été inaugurée le jeudi 7 novembre 2013 au Havre (Seine-Maritime) et devrait produire 75.000 tonnes par an de ce nouveau biocarburant.
Mélangé au gazole classique, il permettra, selon ses promoteurs, une réduction de 83 % des gaz à effet de serre, une diminution des émissions de monoxyde de carbone de 10 à 12 % et une baisse des émissions de particules de suie par rapport au diesel normal.
Le Groupement des Mousquetaires (magasins Intermarché), deuxième distributeur de carburants en France et troisième groupe de l'industrie de la viande, s'est associé à la filiale française du groupe allemand Saria, spécialisé dans la collecte et le traitement de sous-produits animaux, pour créer Estener qui emploie 27 salariés.
Jusqu'ici, les graisses animales non utilisables pour l'alimentation étaient collectées pour être brûlées et produire de la chaleur.
Selon les promoteurs d'Estener, cette valorisation des graisses animales va apporter un nouveau débouché à la filière de la viande et apporter un progrès écologique, car ce biocarburant moins polluant n'entre pas en concurrence avec l'alimentation humaine ou animale.
L'usine, qui a représenté un investissement de 40 millions d'euros, est implantée sur 4 hectares dans la zone industrielle portuaire du Havre, et bénéficie ainsi d'un accès maritime et fluvial rapide pour ses livraisons.
Pour la fabrication de son biodiesel, appelé EMHA (ester méthylique d'huiles animales), Estener s'appuie sur un process industriel de transformation appelé « transestérification ». Les graisses animales sont mélangées à 70 degrés au méthanol en présence d'un catalyseur. Ce procédé est présenté comme propre, ne générant ni odeur ni effluent pollué significatif.
Estener est la première société à démarrer la production de ce biodiesel. Elle prend ainsi de vitesse le numéro un du biodiesel européen, le français Sofiprotéol, qui a annoncé le mois dernier une production d'ampleur équivalente « au plus tard au début de 2015 » dans une usine près de Compiègne (Oise), en partenariat notamment avec le belge Electrawinds, spécialiste des énergies renouvelables.