La mesure la plus urgente à prendre pour enrayer la hausse spectaculaire des prix des matières premières agricoles est une réduction draconienne des programmes de subvention aux biocarburants, a plaidé lundi Stefan Tangermann, directeur pour l'agriculture de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques).
«J'appelle urgemment à réduire le soutien aux biocarburants», a-t-il déclaré, lors d'une conférence sur l'agriculture à Berlin. «C'est le seul levier sur lequel on puisse agir rapidement», a-t-il ajouté.
Pour l'OCDE les prix agricoles, et notamment des céréales, vont rester durablement élevés et le développement des biocarburants pèse pour environ un tiers dans leur hausse.
Le rôle des biocarburants dans la hausse des prix agricoles est fortement controversé. Les pays gros producteurs d'éthanol, les Etats-Unis et le Brésil, réfutent tout lien. La semaine dernière, la question des biocarburants a largement occupé les débats du sommet de la FAO à Rome, mais aucun engagement concret n'a pu être négocié sur ce sujet très sensible.
Parmi les avocats des biocarburants et de l'expansion de leur exploitation, la Commission européenne, qui a fixé aux pays membres un objectif de 10% de biocarburants dans les transports d'ici à 2020. Cet objectif «est impératif», a déclaré lundi Klaus-Dieter Borchardt, vice-chef de cabinet de la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel, récusant la tentation de faire des biocarburants «la tête de Turc» de la flambée des prix agricoles.
Selon lui, «la première génération de biocarburants est en phase de transition nécessaire avant de passer à la deuxième», qui verra la production d'énergie non plus à partir de matières premières agricoles, mais à partir de bois et de déchets par exemple.