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Biocarburants/Pays en développement

Des doutes sur leur capacité à réduire la «fracture énergétique» (ministère)

Publié le vendredi 20 février 2009 - 15h08

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Une note publiée par le Service de la statistique et de la prospective (SSP) dresse un état des lieux des «biocarburants» de première génération. Il met en perspective le débat les entourant dans les pays en voie de développement et les relations avec les pays du Nord et les instances de régulation mondiale: questions sur la dépendance énergétique, les revenus, les aspects sociaux et l'environnement.

En dehors du cas du Brésil dont «45% de l'énergie est aujourd'hui renouvelable (contre 6,2% dans les pays de l'OCDE), dont la moitié via les biocarburants», indique le rapport d'analyse du SSP, «on peut douter de la capacité des biocarburants de première génération à réduire fortement les dépendances pétrolières des pays en voie de développement».

Si au Brésil «dans le secteur clé des transports, la consommation d'éthanol est supérieure à celle de l'essence», c'est le résultat d'une «politique ancienne, très volontariste», d'un effort d'équipement propice au développement des biocarburants, des coûts de production faibles, à une «remarquable efficacité énergétique» de l'éthanol industriel et à des ressources «importantes en terres cultivables».

Les biocarburants peuvent «en revanche présenter des opportunités en termes d’accès à l’énergie» en diminuant la «fracture énergétique» et de «culture de rente alternative».

Le rapport prend l'exemple de l'Afrique de l’Ouest, où des ONG ont appuyé l’organisation de filières locales approvisionnant des générateurs à base de biodiesel ou d’huiles végétales pures. «La production d’origine agricole est intéressante si elle fournit du carburant plus accessible que le diesel classique à des prix rémunérateurs pour les agriculteurs», le prix du biodiesel se comparant au prix du gazole local, augmenté des coûts de transport. Et ils sont «d’autant plus importants que l’endroit est isolé», précise-t-il.

Les biocarburants pourraient représenter une «alternative intéressante» pour de «nombreux pays du Sud», comme le manifeste la mise en œuvre de «grands projets en Côte-d’Ivoire, en Inde ou à Madagascar», souligne le rapport. Ils leur permettraient de développer de «nouvelles cultures d’exportation, sources de devises et de revenus pour les Etats», alors que le prix des produits «issus de cultures de rente traditionnelles, comme le coton, le cacao ou le café, suit une tendance à la baisse depuis plusieurs années».

Comme nouvelle culture de rente, «les biocarburants peuvent également constituer un revenu monétaire pour les agriculteurs et un levier pour l’essor de cultures vivrières». Pour cela, précise le rapport, «il est nécessaire que la filière soit bien structurée» en proposant aux agriculteurs d'accéder au crédit d'investissement «et qu’elle tienne compte des intérêts des producteurs» en bénéficiant en retour à leurs productions vivrières.

«La crise alimentaire a contribué à renouveler un certain nombre de critiques faites aux biocarburants», souligne les auteurs.

Et notamment ils relèvent les risques potentiels portés par les biocarburants: incertitudes liées à la sécurité alimentaire, à l'environnement et aux conditions sociales, ou l'élévation des prix agricoles liée aux compétitions dans l’utilisation des productions et les contraintes sur les disponibilités alimentaires (alimentation humaine ou animale).

Or, indique le rapport, «les pays en développement sont plus sensibles à des prix alimentaires élevés. Si les impacts négatifs de prix trop élevés sont indéniables, le rôle des biocarburants dans ces hausses est plus controversé. Il est maintenant reconnu qu’elles résultent de plusieurs facteurs, à la fois conjoncturels (spéculation, événements climatiques, etc.) ou structurels (hausse tendancielle de la demande, etc.). Il faut «mettre en place des garde-fous pour limiter l’interconnexion des marchés alimentaires et pétroliers», insistent les auteurs.

Un deuxième risque pour la sécurité alimentaire de ces pays, indique la note, tient au fait que les «biocarburants prennent directement ou indirectement la place de productions alimentaires. Aux rendements actuels, en raison d’une faible production des biocarburants à l’hectare, les surfaces potentiellement concernées sont très importantes», même si «certaines productions de biocarburants s’accompagnent de coproduits valorisables en alimentation animale».

Pour les auteurs, «les disponibilités en terres et les potentialités d’augmentation de rendements laissent supposer que la compétition pourrait être limitée». Cela dit, la situation varie fortement selon les pays, précisent-ils.

Selon le rapport, il faut également tenir compte sur le long terme du fort accroissement démographique attendu et des changements de mode de vie dans les pays commençant leur transition démographique. Les besoins alimentaires devraient y être «multipliés par trois».

Le risque alimentaire associé aux biocarburants «peut enfin résulter d’expropriations de petits agriculteurs qui deviennent alors sans terre et donc très exposés à l’insécurité alimentaire. C’est une des critiques majeures faites par les ONG à l’encontre de la production d’éthanol au Brésil».

Les cultures de rente «apportent une réponse à cette pauvreté si le modèle agricole utilisé privilégie l’agriculture familiale, s’il est redistributif et s’il accorde aux acteurs économiques locaux une réelle place dans la filière». Mais «l’engouement des pays du Sud pour les biocarburants, associé à la volonté des investisseurs de la filière d’avoir un retour rapide sur investissement, pourraient se traduire par des systèmes d’emploi peu respectueux des travailleurs», prévient la note.

Les bilans environnementaux actuels concernant les biocarburants, «assez controversés, comparent surtout les émissions de gaz à effet de serre ou l’efficacité énergétique, et laissent de côté d’autres impacts environnementaux (eau, biodiversité). Leurs résultats sont très liés aux méthodes de mesure employées et certaines variables sont à l’heure actuelle mal maîtrisées» soulignent les auteurs.

La plupart des risques environnementaux et sociaux liés à ces cultures, insiste le rapport, ne sont pas «spécifiques au produit «biocarburant» mais dépendent surtout des systèmes de production dans lesquels il s’insère» (types de culture, modes de production), «des objectifs de production» (besoins locaux, substitution à l’importation ou exportation) et «des spécificités des pays» (réserve en terres, dépendance alimentaire, importance du secteur agricole, opportunités de travail).

«Les pays du Nord en tant que principaux consommateurs et importateurs» de biocarburants et les «instances de gouvernance mondiale» au niveau de la régulation des prix et de leur mécanisme de formation sont «susceptibles d’orienter les modes de production» dans les pays en développement, dit la note.

Ils devront les aider à mettre en œuvre leur politique agricole autour des biocarburants, nous expliquent en substance les auteurs du rapport SSP.


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