Un avion civil a effectué, à la fin d'octobre 2012 au Canada, un premier vol mondial au biocarburant pur, issu d'une graine de moutarde d'Abyssinie, censé être moins polluant que le kérosène. La culture de cette plante n'empiète pas sur les récoltes alimentaires et améliore la fertilité des sols, selon la société obtentrice.
Un Falcon 20, appartenant au Centre national de recherches Canada (CNRC), a volé plus d'une heure et demie entre Montréal et Ottawa, avec, à son bord, des pilotes d'essai et des ingénieurs, pour tester ce produit expérimental et en analyser les émissions.
Un deuxième appareil, un Canadair CT-133 équipé de capteurs et de réceptacles, le suivait de très près pour recueillir des échantillons des gaz d'échappement des réacteurs.
Des tests sur des moteurs de Falcon 20 avaient déjà été effectués au sol, dans les locaux du CNRC à Ottawa, avant ce premier essai en vol.
Les résultats, concluants selon les scientifiques, indiquaient que ce carburant pouvait fonctionner en conditions réelles sur un avion civil alimenté d'ordinaire avec du kérosène, sans en modifier le réservoir ou les appareils de bord.
Il reste à savoir si ce biocarburant rejette moins de particules nocives pour l'environnement. Pour cela, les scientifiques du CNRC sont en train d'analyser les données recueillies. Les résultats sont attendus dans quelques semaines.
Ce carburant végétal a été conçu à partir d'une graine de l'oléagineux Brassica carinata, dite moutarde d'Abyssinie, transformée en huile par la société canadienne Agrisoma Biosciences, puis en carburant pour avion à réaction par l'entreprise ARA (Applied Research Associated), basée au Nouveau-Mexique (États-Unis).
Il respecte toutes les caractéristiques des carburants d'origine pétrolière, y compris son aspect transparent et très liquide.
La variété de cette graine de moutarde est adaptée à la culture en sol semi-aride, ce qui rend sa production possible dans la région des Prairies, dans l'ouest du Canada, notamment dans la province de l'Alberta, où Agrisoma Sciences s'approvisionne auprès de cultivateurs.
La culture de cette plante n'empiète pas sur les récoltes alimentaires, mais améliore au contraire la fertilité des sols, a assuré le PDG d'Agrisoma Biosciences, Steven Fabijanski.
« Les cultivateurs à qui nous faisons appel ont souvent des terres qui ne sont pas suffisamment fertiles pour la culture alimentaire », explique M. Fabijanski. Mais « en plantant cette graine, ils améliorent la fertilité de leur sol, ce qui rend possible la production alimentaire », selon lui.
Quant au prix de ce biocarburant, ses fabricants ne se risquent pas à le chiffrer tant qu'il n'est pas disponible sur le marché. Le prix de ce nouveau biocarburant pourrait atteindre celui du kérosène « dans seulement quelques années », a estimé Chuck Red, ingénieur principal de la firme ARA.