La Confédération paysanne dénonce l'impasse des filières industrielles de production d'agrocarburants en publiant une synthèse de l'étude de l'Ademe sur les bilans énergétiques et écologiques. Une réaction qui fait suite aux interrogations du directeur de Cohésis sur la viabilité du débouché.
Alors que la diffusion de l'étude post-Grenelle de l'Ademe sur le bilan énergétique et environnemental des biocarburants était prévue pour septembre, la Confédération paysanne vient d'en publier une synthèse. Une anticipation possible grâce à la participation d'un de leurs adhérents à cette étude confiée au bureau d'études Bio Intelligence Service qui s'est appuyé sur un comité technique d'une trentaine d'experts.
Le syndicat, dans un communiqué, «dénonce l'impasse que constitue le développement des filières industrielles de production d'agrocarburants». Il précise dans la synthèse que dès le 14 mai 2009, les premiers résultats «donnaient des bilans très médiocres malgré des calculs déjà très significativement orientés (filières pétrolières très chargées, surallocation aux coproduits destinés à l'alimentation animale très importante, en particulier pour les éthanols de céréales, coûts de culture de la betterave fortement minorés...)».
Cette réaction de la Confédération paysanne fait suite notamment aux déclarations de Jean-Pierre Cochet, directeur de la coopérative Cohésis engagée dans le projet Cristanol 2 de Bazancourt. Le directeur s'interroge, rappelle le syndicat, «sur la pérennité de ce projet face à la perspective de la baisse de la ''défiscalisation'' de l'éthanol, qui représente une subvention très importante pour cette filière, et de sa mise en concurrence avec l'éthanol de canne à sucre, produit avec une efficacité énergétique beaucoup plus forte».
Cohésis s'était notamment engagé à livrer 10% de sa collecte de blé pendant dix ans. Aujourd'hui, Orama (regroupement des associations spécialisées de la FNSEA pour les producteurs de blés, de maïs et d'oléoprotéagineux) en appelle à mutualiser les approvisionnements des usines.
Les bénéfices de ces filières sont partagés par l'ensemble des acteurs et ils préparent l'avenir, justifie Orama. Une mutualisation «pour faire supporter à l'ensemble des producteurs les conséquences de choix politiques inappropriés dont elle (Orama, ndlr) a été l'un des principaux artisans», analyse la Confédération paysanne.
Les collecteurs et les producteurs non impliqués risquent de ne pas s'engager facilement.