Pour sauvegarder son patrimoine génétique et sa biodiversité, l'UE doit aider les agriculteurs à remettre animaux et plantes traditionnels dans les champs et les assiettes, a plaidé le vendredi 29 novembre 2013 un rapport de la Commission européenne.
La Commission fait valoir que la seule démarche de conservation des ressources génétiques agricoles, via des soutiens financiers à des paysans ou ONG assurant leur sauvegarde, n'est plus suffisante, alors que le modèle agricole dominant privilégie « les variétés et races très courantes, les monocultures et cultures monovariétales ». Elle prône la nécessité « d'accroître le bénéfice économique que les agriculteurs peuvent retirer de l'utilisation de variétés et races sous-employés ».
Face aux « défis » que constituent « le changement climatique, la résistance des plantes aux parasites, la productivité, les demandes des consommateurs et le développement économique dans les zones rurales », l'UE doit « valoriser autant que possible la diversité des matériaux génétiques », observe le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos.
Ce « changement d'approche » doit passer par une meilleure ventilation des fonds alloués par l'UE – de l'ordre de 140 millions d'euros pour la période 2007-2013 – et par un regain de recherche scientifique pour améliorer les sélections. « Il s'agit d'ouvrir la porte à une recherche moins chimique et plus biologique », a expliqué un expert européen, soulignant que ce plan d'action ne concernait pas de manipulation génétique de type OGM.
Un modèle pourrait être celui de recherches actuellement menées sur une espèce de vache sicilienne pour garantir une meilleure qualité de viande. « Légèrement améliorée », cette race séculaire pourrait assurer sa survie en offrant aux éleveurs un « marché de niche ».
« Faciliter l'accès aux marchés » de variétés traditionnelles
Mais, pour être efficace, « la conservation et l'amélioration de la biodiversité et de la variabilité agricole nécessitent un cadre juridique à l'échelle de l'Union », notamment en matière de propriété intellectuelle, souligne la Commission. Cela passe, selon elle, par la révision en cours de la législation européenne sur les semences, en vue de « faciliter l'accès aux marchés » de plus de variétés traditionnelles.
Actuellement, seules les semences répertoriées dans le catalogue officiel européen peuvent être commercialisées. Cette liste comporte plus de 30.000 variétés passées par un processus d'homologation.
Les Verts européens sont toutefois très méfiants envers la réforme en cours, redoutant au final des engagements insuffisants en faveur de la diversité des semences sous pression de l'industrie semencière.
A télécharger :
- Le rapport de la Commission (en anglais)