La conférence de l'ONU sur la biodiversité aura été «un vrai succès», a annoncé vendredi devant la presse le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, à l'issue des travaux.
«Quelques questions restent à discuter. Mais je suis optimiste (sur le fait) que nous allons pouvoir les résoudre. Nous avons tout conclu avec succès», a déclaré le ministre allemand, évoquant notamment l'accès aux ressources génétiques.
Les ministres de l'Environnement participaient à la conférence de l'ONU sur la biodiversité à Bonn et discutaient des moyens de freiner la destruction des ressources naturelles de la planète.
«Tout a été bouclé, y compris les biocarburants. Personne ne s'attendait à ce qu'on puisse avancer autant», a déclaré Laurent Stéfanini, ambassadeur de France délégué à l'environnement.
Il reste à discuter quelques points concernant le budget du secrétariat, la question des ressources additionnelles pour remplir les objectifs de 2010 et la déclaration sur le lien entre biodiversité et changement climatique.
Concernant les agrocarburants, il a indiqué que la convention sur la diversité biologique (CBD) voulait se doter d'un «corps de doctrine qui définisse les conditions d'une culture durable des biocarburants». L'idée est de «faire un bilan biologique de l'utilisation de chaque technologie de biocarburant. La CBD va travailler dans cette voie pour dire ce que les biologistes et les naturalistes pensent des différents types de biocarburants», a-t-il ajouté.
Sur la question de l'accès aux ressources génétiques et du partage des bénéfices générés par leur utilisation, une feuille de route a été établie pour achever d'ici à deux ans un ensemble de règles contraignantes qui devront être approuvées lors de la prochaine conférence de la CBD qui se tiendra à Nagoya, au Japon, en 2010.
«Il y a la volonté de travailler là-dessus ensemble. Jusqu'à présent, c'était un dialogue de sourds entre le groupe des 77 et les pays industrialisés», a fait remarquer le chef de la délégation française.
Selon une étude présentée jeudi à la conférence, l'érosion de la diversité de la vie animale et végétale représente un coût évalué entre 1.350 et 3.100 milliards d'euros par an au monde.
L'étude, initiée par l'Union européenne et le ministère allemand de l'Environnement, constitue une des premières évaluations majeures de l'impact économique de la perte de la biodiversité dans le monde, à l'instar du rapport de Sir Nicholas Stern sur le coût du changement climatique.
«Nous essayons de naviguer sur des eaux agitées et sans carte avec un vieux compas défectueux», a commenté le principal auteur de l'étude, Pavan Sukhdev, un haut responsable de la Deutsche Bank en Inde.
Intitulée "The Economics of Ecosystems and Biodiversity" ("L'économie des systèmes écologiques et de la biodiversité"), cette étude donne une valeur monétaire à des facteurs environnementaux tels que l'eau, la protection contre les inondations, les médecines naturelles et les puits de carbone que sont les forêts.
«Alors que notre bien-être est totalement dépendant des services rendus par ces écosystèmes, ils sont considérés comme des biens publics sans marché et sans prix», souligne le rapport. Certains écosystèmes sont probablement déjà dégradés au-delà de toute possibilité de restauration, conclut Sukhdev. Et d'ici à 2050, si rien n'est fait:
- 11% des espaces naturels restant en 2000 pourraient avoir disparu, transformés pour l'agriculture ou par le dérèglement climatique;
- 40% des terres actuellement cultivées de façon traditionnelle pourraient devenir des exploitations intensives;
- 60% des récifs de coraux pourraient avoir disparu, affectant directement le mode de vie de milliards de gens.
La valeur réelle de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes doit être intégrée dans les décisions politiques, souligne-t-il.
Environ 150 espèces de flore et de faune sauvage disparaissent chaque jour, un rythme qui est de 100 à 1.000 fois supérieur à la disparition naturelle des espèces, selon les scientifiques.