Stocks très bas, rendements moyens, forte volatilité des cours, l'année 2007 a été très agitée pour le marché mondial du blé dur. La production, boostée par la hausse du prix des céréales, devrait augmenter en 2008, selon les intervenants à la journée nationale du blé dur organisée jeudi par Arvalis à Labège (Haute-Garonne).
La production mondiale de blé dur, 34,2 millions de tonnes en 2007, est en baisse depuis quatre ans, notamment dans les zones où la consommation est importante.
Entre 2006 et 2007, le Maroc, victime de sécheresse, est passé de 2,1 à 0,4 Mt, la Turquie de 3 à 2,7 Mt, la Syrie de 2 à 1,8 Mt, l'Espagne de 1,5 à 1,3 Mt...
La France, malgré une augmentation de ses surfaces (457.000 ha), n'est pas en reste, puisque sa production a également chuté de 2,11 à 1,99 Mt, ses rendements médiocres (43,7 q/ha) étant dus à des conditions climatiques difficiles.
Depuis trois ans, la France exporte davantage de blé dur vers les pays de l'UE, au détriment des pays tiers. Selon l'OniGC, avec une récolte de 2007 de moins bonne qualité que celles des Etats-Unis et du Canada, 300.000 t de blé dur français devraient être expédiées hors de l'Europe au cours de la campagne. La position géographique de la France par rapport aux pays méditerranéens est pourtant un atout, face aux filières américaines, lorsqu'on considère l'augmentation du coût du fret maritime.
De leur côté, les productions des grands pays producteurs, Etats-Unis et Canada, qui représentent 75% des ressources exportables n'ont guère augmenté, pour cause de faible rendement.
«Cette situation entraîne une dramatique chute des stocks américains, canadiens et européens, qui s'établissent à 1,7 Mt, ce qui est le niveau le plus bas depuis 40 ans, a expliqué Xavier Rousselin, de l'OniGC. Il manque 2 Mt en Union européenne, première zone de production (7,6 Mt) et de consommation au monde, tandis que le Maghreb, qui a produit 4,3 Mt en 2007 voit son déficit (blé tendre + blé dur) passer de 6 à 11 Mt.»
Parallèlement, les prix du blé dur ont explosé sur le marché international, passant de 280 $/t en juin, à 800 $/t à la fin de décembre, ce qui oblige les pays du Maghreb à mettre en place des systèmes de régulation: droits de douane supprimés pour le Maroc, achat au prix du marché par l'Office algérien interprofessionnel des céréales, et revente à bas prix aux semouleries.
Cette flambée des prix – deux fois plus élevés que ceux du blé tendre – devraient entraîner un développement de la production en 2008. En France, les semis seraient cependant en recul de 1,8%, avec des évolutions régionales très contrastées.
Syrie, Turquie, Kazakhstan: des pays qui montent Quelques pays s'intéressent de plus en plus à la culture du blé dur. L'Anatolie centrale, grenier à blé de la Turquie (environ 3 Mt), projette d'irriguer, d'ici à 2012, 1,7 Mha destinés au blé dur. Le pays, encore handicapé par son manque de semences élites, a signé la loi de protection des obtentions végétales et va travailler avec la France et l'Allemagne pour l'amélioration de ses variétés. La Syrie, importatrice jusqu'à la fin des années 1980, est devenue un acteur majeur, en développant des variétés adaptées aux températures extrêmes et en faisant évoluer ses techniques culturales (rotations avec des légumineuses, jachères...), ce qui lui a permis de multiplier par 5 ses rendements en 30 ans (environ 3,5 Mt en 2007). Enfin le Kazakhstan, pays enclavé, faible en logistique, consacre une surface grande comme la France au blé, dont 10% au blé dur. Les terres sont de bonne qualité et la main-d'oeuvre peu chère, ce qui peut devenir intéressant si le pays s'équipe. |