Depuis plusieurs mois, la France doit se contenter du rôle de spectateurs sur le marché international du blé tendre. A l’instar des derniers appels d’offres égyptiens, remportés par les origine mer Noire et américaine, l’Union européenne affiche des prix qui ne permettent pas de rivaliser avec ses concurrents. «Depuis le début de la campagne, le blé soft red winter américain a perdu 35 $/t, contre 10 $/t pour le blé français», a constaté Bruno Hot, directeur de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (OniGC) à l’issue du conseil spécialisé mensuel, mercredi 14 février. Les 20 $ qui séparent aujourd’hui les deux origines expliquent le trou d’air que connaissent depuis quelques semaines le blé tricolore.
Ce constat a poussé l’OniGC à réduire de 6,3 millions de tonnes (Mt) à 6,1 Mt ses prévisions d’exportations de blé français vers les pays tiers. Un objectif encore pleinement réaliste aux yeux de Bruno Hot, puisque 5 Mt sont déjà engagées par les opérateurs et que 3,5 Mt sont sorties des ports de l’Hexagone. Autre motif d’espoir : la filière française table sur l’essoufflement de la disponibilité ukrainienne et américaine pour finir la campagne en beauté.
Si la différence entre les cours mondiaux et les cours européens dessert les opérateurs français à l’exportation, cela signifie toutefois que «les prix communautaires résistent mieux que les prix américains», selon le directeur de l’OniGC, qui y voit «un signe de reconnaissance de la meilleure qualité des blés européens par rapport au soft red winter» cultivé outre-Atlantique. Les producteurs français continuent de creuser le sillon de la qualité, puisque 81% des blés qui seront récoltés en 2007 sont des variétés panifiables supérieures (BPS), contre 79% l’an passé. Cette progression permet de faire passer la part des blés panifiables de 91% à 93% de la sole de la céréale à paille.
L’OniGC relativise la révision à la baisse des volumes exportés, compte tenu d’un «marché équilibré et de la demande communautaire qui tire bien et qui compense le recul sur pays tiers». Grâce à la hausse des ventes vers nos voisins européens, le total des exportations se maintient au-dessus des 15 Mt. «Il faudra néanmoins être prudent sur la présence française dans quelques mois, a souligné le directeur de l’office. Négliger le marché à l’exportation aurait non seulement des conséquences pour cette campagne, mais également pour la suivante avec des difficultés pour reprendre des parts de marché.»