La Fédération interprofessionnelle des viandes de label rouge (Fil rouge) et le Centre national du bœuf de tradition bouchère (BTB) ont réuni mardi la presse afin de lancer leur campagne «le bœuf de race à viande, un bon morceau d’environnement». Il s’agit de donner les moyens aux artisans bouchers de répondre aux questions de leurs clients concernant la façon dont sont élevés les bovins de races à viande en France.
La viande bovine a fait et fait toujours l’objet d’attaques concernant son impact sur l’environnement, notamment au sujet de l’émission de gaz à effet de serre (GES). «Nous sommes là pour nous en expliquer, pour rétablir les choses, a insisté d’emblée Henri Baladier, le président de Fil rouge. Nous ne laisserons pas salir nos métiers. Sans bovins, le paysage, l’environnement, l’emploi seraient profondément modifiés dans nos campagnes.»
Il ne s’agit pas de nier l’impact de la production de viande bovine sur l’environnement, mais de bien prendre en compte tous ses aspects. Et pas seulement ceux qui sont négatifs et utilisés pour véhiculer certains discours antiviande.
Les professionnels reprochent notamment à leurs détracteurs de ne pas tenir compte du stockage du carbone par les prairies, ou encore de montrer des images, celles des feed-lots australiens, qui n’ont rien à voir avec la réalité de l’élevage français.
«Les bovins de races à viande représentent 5 ou 6% des émissions françaises de GES, estime Jean-Baptiste Dollé, le responsable du service en charge de l'environnement à l’Institut de l’élevage. L’élevage contribue au réchauffement climatique mais les prairies sont un puits de carbone compensant de 40 à 50% des émissions de méthane entérique. Ce qui porte la contribution nette de l’élevage bovins de races à viande entre 2 et 3%.»
Le spécialiste a insisté sur le fait que ce réservoir était important à protéger sous peine de voir le carbone retourner progressivement dans l'atmosphère, ajoutant que «l’Ademe compare le stockage de carbone sous les prairies à celui des océans». Il a également rappelé que le troupeau allaitant moyen en France compte une quarantaine de vaches dont les rations reposent à 92% sur l’herbe pâturée ou récoltée.
«Les ruminants sont les seuls animaux capables de transformer la cellulose, a ajouté Jean-Pierre Fleury, le secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB). Ils ne sont pas en concurrence avec l’homme pour son alimentation. On touche à un sujet agriculturel. Va-t-on vers l’uniformité du modèle anglo-saxon? Nous sommes aussi producteurs de paysages et de biodiversité. Il existe aujourd’hui un ensemble d’aménités positives non valorisées, si ce n’est par le biais de la prime herbagère agro-environnementale (PHAE) que le gouvernement semble prêt à sacrifier.»