La réforme agraire s'est enlisée en 2013 au Brésil, a critiqué mercredi un porte-parole du Mouvement des « sans-terre » (MST), qui revendique des parcelles de terrains pour les plus pauvres.
« C'est la pire année de la réforme agraire. [...] A ce jour, seules 159 familles ont été installées (sur des terres) dans tout le pays. C'est une honte », a dénoncé João Paulo Rodrigues, membre de la coordination nationale du MST, dans une interview au journal du mouvement.
« Le gouvernement [de la présidente] Dilma [Rousseff] n'a pas procédé à plus de dix expropriations de fermes. C'est pire que le dernier gouvernement militaire du général Figueireido, qui avait exproprié 152 exploitations », a poursuivi le porte-parole.
En 2013, Dilma Rousseff a attendu à la fin d'octobre pour signer le premier décret d'expropriation, portant sur huit grandes exploitations. Les propriétés en question, utilisées jusqu'ici pour de l'élevage extensif, doivent accueillir plus de 150 familles qui y pratiqueront « du petit élevage, de la production laitière, de la fruiticulture et de l'horticulture, entre autres », expliquait alors l'Incra, l'institut chargé de la réforme agraire.
D'après João Paulo Rodrigues, « le gouvernement est complètement otage du front parlementaire ruraliste (des grands propriétaires agricoles), le plus grand mouvement du Congrès national ».
Le porte-parole a dénoncé également les inégalités de traitement entre l'agrobusiness et la petite agriculture. « Pour vous faire une idée, le plan d'aide à l'agriculture familiale pour la récolte 2013-14 représente un peu plus de 20 % de l'argent qui est destiné à l'agrobusiness », a fait valoir le porte-parole.
D'après le MST, créé en 1984, il y avait en 2010 plus de 150.000 familles de « sans-terre » au Brésil, réclamant le droit d'exploiter des parcelles rassemblées pour l'instant en d'immenses propriétés.
D'après l'institut national de statistiques, 43 % des terres agricoles du pays appartiennent à 1 % des propriétaires.