L'abattage partiel et controversé des bouquetins dans le massif du Bargy en raison de la brucellose, maladie infectieuse qui risque selon les éleveurs de contaminer leurs bêtes, a commencé jeudi matin, a-t-on appris auprès de la préfecture de Haute-Savoie.
« L'opération d'abattage des bouquetins a commencé ce matin en application d'un arrêté du 16 septembre », a déclaré à l'AFP une porte-parole de la préfecture. Selon cet arrêté, l'Etat autorise la « capture » et l'« euthanasie » de bouquetins séropositifs à l'enzootie par les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), en « vue de la constitution d'un noyau sain parmi la population des bouquetins du Bargy, et pour compléter le noyau sain de 61 individus » existant.
La préfecture prévoit également l'abattage d'animaux « non testés séronégatifs en 2015 et ne faisant pas partie du noyau sain constitué ». Sur environ 300 bouquetins, quelque 230 devraient ainsi être abattus. Sur l'ensemble du cheptel, plus de 40 % est infecté par la brucellose. Resteraient de 60 à 70 bêtes « saines », avait indiqué le préfet de Haute-Savoie, Georges-François Leclerc, à l'AFP mi-septembre.
Le massif bouclé par les gendarmes
Cette décision avait indigné les défenseurs de la nature qui ont saisi la justice administrative pour suspendre l'arrêté. L'examen du référé suspensif était programmé le 19 octobre devant le tribunal administratif de Grenoble.
« L'Etat aurait pu attendre a minima la décision du juge », a déploré Carine Brémond, membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). « On trouve cela scandaleux et ahurissant. Nous sommes choqués par cette méthode », a-t-elle ajouté. Selon Jean-Pierre Crouzat, porte-parole de la Frapna en charge du dossier, « le massif est actuellement bouclé par les gendarmes » et les gardes de l'ONFCS ont commencé « à ratisser » les lieux.
Selon les défenseurs de la nature, d'autres solutions préconisées par des experts étaient envisageables pour endiguer la propagation de l'enzootie. « Le préfet préfère la méthode brutale et il risque de diffuser la brucellose au massif voisin des Aravis », a déclaré M. Crouzat.