L'OniGC (Office national interprofessionnel des grandes cultures) juge optimistes les prévisions du CIC (Conseil international des céréales) qui table sur une récolte mondiale record de 646 millions de tonnes (Mt) pour 2008. «Pour atteindre ce chiffre, il faut un sans-faute, c’est-à-dire des rendements excellents, pas d’accidents climatiques pendant la suite de la végétation et pas de problèmes de qualité à la récolte», a souligné Patrice Germain, directeur adjoint de l'OniGC, mercredi a l’issue de la réunion du conseil de direction spécialisé céréales.
Même son de cloche le 5 mars à Rouen lors de la journée céréales organisée par le port de Rouen. Pierre Duclos, directeur de Trading Céréales pour Union InVivo a expliqué qu'il compte sur les chiffres prometteurs du CIC pour faire «levier» et calmer les tensions sur les marchés. Il est cependant resté très prudent et s'est bien gardé de faire des pronostics sur les prix du blé en septembre car selon lui les «incertitudes pèseront jusqu’à la récolte». «On n’est pas à l’abri d’accidents climatiques» de même envergure que ce qu’on a connu pour la récolte de 2007, a-t-il précisé. L’avenir est néanmoins prometteur pour les producteurs avec des contrats qui se négocient actuellement sur le marché à terme autour de 230-240 €/t entre juillet et décembre.
Sur la récolte de 2007, la tension est toujours réelle. Le blé tendre standard cotait 278 €/t rendu Rouen le 11 mars 2008. S’il atteint des valeurs records, c’est au prix d’une plus grande volatilité des cours qui devrait perdurer. La crise des subprimes et la dépréciation des valeurs boursières ont incité de nombreux acteurs financiers à jouer les matières premières agricoles. Des variations inédites apparaissent et certaines bourses américaines ont enregistré des fluctuations journalières de près de 100 $ la tonne. En Europe, la situation est modérée par une moindre présence des financiers, mais le danger existe, avec une volatilité des cours pouvant aller jusqu’à 25 € par séance.
Du côté des exportations, le blé français profite d’une nouvelle donne et redevient compétitif «coûté fret». Des commandes sont passées à la France par le Maroc, l’Algérie et récemment l’Egypte, qui ayant revu ses exigences à la baisse en termes de qualité, s'est positionné de manière effective pour 120.000 tonnes. Les Etats-Unis ont atteint leurs objectifs et sortent du circuit. C’est aussi le cas des producteurs de la région de la mer Noire: l’Ukraine, la Russie et même le Kazakhstan, qui veulent sécuriser l’approvisionnement de leur marché intérieur.
Dans l’ensemble, les marchés demeurent actifs malgré la hausse des cours, grâce à la demande des gros importateurs dont le Pakistan, l’Inde, l’Egypte et le Maghreb. La France tire son épingle du jeu pour rattraper son retard à l’exportation.