"Le conseil spécialisé des céréales de l’OniGC s’est accordé à l’unanimité sur le besoin de maintenir un dispositif de régulation des marchés qui a prouvé son utilité", a martelé Bruno Hot, directeur de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures, à l’issue de la réunion du conseil qui se tenait le 16 mai. Le message adressé à la Commission européenne est clair: les opérateurs français ne laisseront pas Bruxelles démanteler le mécanisme d’intervention sans réagir.
Les stocks de céréales placées à l’intervention au cours des années marquées par des prix en berne ont d’ailleurs été largement sollicités au cours de la campagne actuelle pour approvisionner des utilisateurs pénalisés par la rareté de la matière première: à la mi-mai, ce sont 2,5 millions de tonnes (Mt) de maïs, 3 Mt de blé et plus de 1 Mt d’orge qui avaient été adjugées sur le marché européen à partir des stocks publics. Les stocks communautaire sont ainsi passés de 14 Mt au début de la campagne à 3,8 Mt à ce jour.
Cette année a apporté "la démonstration grandeur nature" de l’efficacité de ce mécanisme, a ainsi estimé Bruno Hot, avant d’ajouter avec malice que" la Commission a d’ailleurs fait une belle opération, puisqu’elle a revendu plus de 135 €/t des céréales achetées à l’intervention 100 €/t, ce qui couvre largement le coût du stockage. Elle aurait dû en acheter plus!"
Les producteurs ne sont pas les seuls à profiter du filet de sécurité de l’intervention. Alors que se profile une campagne qui pourrait être caractérisée par une tension et une volatilité accrues si l’abondance n’était pas au rendez-vous compte tenu des stocks faibles. "Pour l’aval, ce qui est dramatique ce ne sont pas les prix élevés, mais la volatilité des cours, qui peut les mettre en difficulté dans le cadre de la contractualisation avec les acheteurs finaux", a rappelé Rémi Haquin, le président de l’OniGC.
Les représentants de l’Office n’ont toutefois pas rejeté la dernière offre en date de la commissaire à l’Agriculture. Celle-ci, après avoir proposé la suppression pure et simple de l’intervention maïs, a édulcoré son projet: l’intervention serait maintenue en fixant un plafond dégressif ramené à zéro au bout de trois ans. Bruxelles pourrait ensuite rouvrir l’accès au stockage public si la situation du marché l’exigeait.
"Ce qui est important pour la filière, c’est que la Commission ne tue pas l’intervention, a déclaré Bruno Hot. Si le contingent est fixé à zéro une année, ce n’est pas grave. Nous n’avons pas besoin de l’intervention tous les ans.". Il y a encore peu de temps, l’Association générale des producteurs de maïs s’opposait pourtant fermement à cette proposition de Bruxelles, qualifiée de "marché de dupes".