La situation financière des exploitations de grandes cultures est de plus en plus tendue. Malgré une année 2009 avec des rendements exceptionnels, atteignant entre 70 et 75 q/ha en blé tendre, les excédents bruts d'exploitation ont baissé de deux tiers, selon des chiffres publiés par la chambre régionale d'agriculture et les CER.
« Les coûts de production sont situés entre 130 et 150 euros par tonne (€/t) face à un prix moyen de campagne qui ne dépasse pas 100 €/t. Des factures d'approvisionnement restent à payer. La fin de la campagne et le début de l'autre vont être difficiles à gérer », explique Arnaud Rondeau, céréalier à Sergines, dans l'Yonne, et président de la commission des grandes cultures à la FRSEA.
Le marché de l'orge de brasserie, catastrophique, pèse sur la zone, où l'assolement traditionnel colza, blé et orge avait fait ses preuves. Le colza s'en sort un peu moins mal grâce à la filière du Diester.
A ces considérations s'ajoute une particulière vulnérabilité à la climatologie sur un territoire de zone intermédiaire constitué de terres superficielles au potentiel limité.
« Nous rentrons dans l'application du bilan de santé de la Pac sans être économiquement forts. Cela va amplifier nos difficultés », s'alarme Arnaud Rondeau.
Selon les chiffrages de la chambre régionale d'agriculture, les cultures régionales perdent 30 millions d'euros de soutiens par an dès le versement des aides Pac 2010. Les compensations diminuent entre 12 et 20 % selon les fermes.
Réintroduire une culture supplémentaire engendre des coûts. Les agriculteurs n'ont pas forcément les équipements adaptés pour le semis et la récolte. La mise en place des cultures intermédiaires obligatoires par la directive nitrates représente une charge en plus de 50 €/ha. La systématisation des bandes enherbées cette année fait perdre presque 5 % de la surface productive.
« Toutes ces nouvelles mesures pèsent sur le revenu », conclut Arnaud Rondeau.