La Confédération paysanne, qui présentait mercredi à la presse ses dossiers en cours, a quelques raisons d'être satisfaite en ce début d'année 2014.
« Grâce à l'occupation du Gnis, on a obtenu que le gouvernement propose un amendement, qui a été voté hier par les députés, afin d'exclure les semences de ferme de la loi sur la contrefaçon », s'est félicité Laurent Pinatel, porte-parole du syndicat. Non sans s'offusquer qu'il ait fallu « créer un rapport de force pour obtenir ce qu'on n'a pas par le dialogue : il a fallu que des gens soient prêts à faire la grève de la faim pour avoir le droit de ressemer leurs propres semences ! »
Deuxième motif de satisfaction : après avoir rencontré Cécile Duflot puis Philippe Martin, le syndicat sent que la ferme des 1.000 vaches vacille sur ses bases. Le permis de construire a été reconnu illégal. L'avocat qui défend la Confédération paysanne et l'association locale Novissen iront plaider l'annulation du permis initial le 17 février. Au-delà du projet lui-même, « on voudrait réguler et empêcher ce genre de choses grâce à la loi d'avenir, car ce montage sociétaire a pu se faire grâce à des failles dans le contrôle des structures », a expliqué laurent Pinatel. Cela dit, les spécialistes du sujet au sein de la Confédération paysanne reconnaissent que, même si le contrôle des structures reprend du poil de la bête dans la loi d'avenir, « on ne peut pas garantir qu'il n'y aura plus moyen, à l'avenir, de contourner les autorisations d'exploiter... »
Troisième bonne nouvelle pour le syndicat : il fera officiellement son entrée à l'interprofession laitière au printemps prochain. L'aboutissement d'un combat de longue haleine.
Mais de nombreuses luttes restent à mener. Sur le dossier Pac en premier lieu. Les aides couplées à l'élevage allaitant constituent un gros morceau. La confédération paysanne est déterminée à se battre contre le plancher de 10 vaches. Elle propose de le remplacer par un plancher de 10 UGB, afin de donner un coup de pouce aux petites fermes diversifiées élevant vaches, chèvres et brebis, au lieu de les dépouiller au profit des élevages spécialisés. Une question de « cohérence » avec le projet agroécologique défendu par Stéphane le Foll, a martelé Laurent Pinatel. Au contraire d'autres organisations agricoles, la Confédération paysanne souhaiterait même un plafond à 60 vaches (par actif), et une dégressivité au-delà de 40 vaches (par actif). Le syndicat demande aussi que les génisses du troupeau allaitant soient prises en compte « afin de garantir la pérennité et le renouvellement des systèmes », au lieu de pousser les élevages à s'agrandir tout en déléguant l'élevage des génisses.
La Confédération paysanne veut aussi se faire entendre sur le second pilier (développement rural) de la Pac. Sa crainte majeure : que les aides à l'investissement et à la modernisation ne favorisent la restructuration, au lieu d'être orientées vers l'environnement, la vitalité des territoires et l'emploi. Elle appelle à la vigilance, en cette période où les Régions ficellent leur programme 2014-2020, pour lequel elles jouiront d'une plus grande marge de manœuvre que par le passé.