Le retournement du marché des matières premières agricoles à l'été 2010 a pesé sur les comptes 2010/11 de nombreuses coopératives, a estimé, mercredi, Louis Guillemant, directeur général d'Unéal.
Les arrêts de comptes au 30 juin 2011 (exercice 2010/11) s'avèrent « douloureux pour beaucoup de coopératives céréalières » qui se sont mal couvertes vis-à-vis de l'évolution des prix des grains depuis l'été 2010. « Certaines vont y perdre la moitié de leurs fonds propres », a ajouté Louis Guillemant à l'occasion de la 2e journée des coopératives agricoles organisée, mercredi à Paris, par Coop de France, Les Echos et le cabinet conseil PwC (1). Des propos qui n'ont suscité aucune contestation dans la salle.
Mariano Marcos, associé chez PwC, a souligné que les prix des matières premières agricoles avaient progressé de 10 % par an en moyenne depuis 2001. Tout en devenant de plus en plus volatils. Par exemple, blé, maïs et orge de brasserie affichent des variabilités de prix de l'ordre de 30 % par an, et de 20 à 30 % à 30 jours. Dans ces conditions, la gestion du risque prix devient « critique » et impose une « professionnalisation » des équipes en charge de cette question.
Alain Le Floch, directeur général du groupe Champagne Céréales, a partagé cette préoccupation, estimant par ailleurs que le déplacement du métier depuis l'agronomie vers la gestion des risques financiers allait conduire à une « concentration » des filières agroalimentaires et à une explosion du marché des ingrédients intermédiaires, l'industrie cherchant à réduire ses achats à des filières agricoles devenues extrêmement volatiles en termes de prix.
Alain Le Floch a également recommandé aux groupes coopératifs d'installer des bureaux dans les grandes zones de production agricoles à travers la planète, de sorte qu'ils soient informés des évolutions des marchés « en amont de la dépêche ».
Il a aussi estimé que la plus ou moins bonne gestion du risque prix allait creuser les écarts de performances entre les coopératives, et qu'il ne fallait pas craindre d'en tirer les conséquences sur le plan commercial et stratégique.
Alain Le Floch a enfin déclaré que le contentieux, né de la non-livraison de blé (par deux coopératives) à l'usine de bioéthanol de Cristal Union (2), était « en voie d'être réglé ». Sans plus de précision.
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(1) PwC : PricewaterhouseCoopers
(2) Blé éthanol : nouveau malaise pour la filière (18 août 2011)