La manifestation de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne face à une cascade de plans sociaux, qui a rassemblé samedi entre 15.000 et 30.000 manifestants à bonnets rouges, a donné lieu à des échauffourées qui ont peu à peu pris fin dans la soirée.
« Cette manifestation est un grand succès pour l'emploi en Bretagne », a déclaré Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et l'un des principaux organisateurs du rassemblement. Les forces de l'ordre ont toutefois dû charger vers 18h30 pour dégager les manifestants qui se trouvaient encore sur la place de la Résistance. Le calme est finalement revenu peu avant 20h30, selon la préfecture.
De son côté, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a invité « toutes les parties prenantes à se retrouver » autour du « Pacte d'avenir pour la Bretagne » qu'il avait annoncé le 16 octobre.
Trois manifestants ont été interpellés et cinq personnes (quatre manifestants et un CRS) ont été blessées, selon la préfecture.
Les autorités, qui avaient dans un premier temps évoqué « au moins 10.000 participants », ont finalement établi un bilan officiel définitif de 15.000 manifestants. Les organisateurs font de leur côté état d'« au moins 30.000 » personnes.
Ces bilans sont supérieurs à toutes les attentes, alors que le gouvernement a annoncé, le 29 octobre, une suspension de l'écotaxe et a fait procéder, le 31 octobre, au démontage symbolique d'un portique controversé à Pont-de-Buis, non loin de Quimper.
Parallèlement aux affrontements qui ont éclaté à Quimper, un portique écotaxe a cependant encore été détruit à Saint-Allouestre, dans le Morbihan, dans un incendie provoqué par des « bonnets rouges ».
A Quimper, peu après 15h00, un petit groupe de manifestants s'est opposé aux forces de l'ordre en leur jetant des projectiles, pierres, pavés, barres de fer, pots de chrysanthèmes et fusées de détresse. Les policiers ont répondu en faisant usage d'un canon à eau et de grenades lacrymogènes.
Les bonnets rouges, un symbole de la lutte antifiscale du XVIIe siècle en Bretagne, ont tenté d'escalader les grilles de la préfecture et ont mis le feu à des palettes. « On a le sentiment qu'il s'agit d'un groupe marginal », a dit à l'AFP le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, évoquant des « ultras » d'extrême droite. Depuis la tribune, les organisateurs ont lancé des appels au calme. « On condamne la violence », a souligné M. Troadec.
A Quimper, une ville de 65.000 habitants dirigée par le maire socialiste Bernard Poignant, un proche de François Hollande, les manifestants se sont d'abord retrouvés sur la place de la Résistance, sous des drapeaux bretons et diverses pancartes, comme « Droit au travail », « Gouvernement à la con », « le Français n'est pas une vache à lait », « Flamby démission », « Bretons oui, moutons non ».
Dans le cortège se trouvaient aussi, charlottes rouges sur la tête, des salariés du volailler finistérien Tilly-Sabco, dont la direction a annoncé cette semaine la suspension de la production pour janvier 2014, menaçant environ un millier d'emplois.
Une autre manifestation à Carhaix
Le rassemblement quimpérois n'a cependant pas fait l'unanimité : les syndicats CGT, Solidaires et FSU, ainsi que EELV et le Front de gauche appelaient à leur propre manifestation, à Carhaix (Finistère), car le rassemblement de Quimper était soutenu par plusieurs organisations patronales, dont Produit en Bretagne (300 entreprises, 100.000 salariés).
La manifestation à Carhaix s'est déroulée dans le calme, rassemblant 3.000 manifestants selon la CGT et 600 selon la préfecture. « La FDSEA et le Medef sont à l'origine de la crise bretonne. Ils instrumentalisent la taxe sur les poids-lourds et la détresse des salariés (avec la manifestation de Quimper, ndlr) », a dit sur place le secrétaire national de EELV, Pascal Durand.