« J'apprécie la mobilisation personnelle du Premier ministre », a affirmé Xavier Beulin après l'annonce mercredi matin à l'Elysée par Manuel Valls et son ministre de l'Agriculture, du plan d'urgence pour élevage. Du bout des lèvres, il a aussi reconnu l'implication – on pourrait dire très récente – de Stéphane Le Foll. Pourtant, le constat est sans appel : « insuffisant ». « Ces annonces ne donnent pas de perspectives durables », a jugé le président de la FNSEA. La plupart des mesures ne sont en effet pas nouvelles (respect de l'accord du 17 juin sur les prix, report de charges, contractualisation) ou annoncées depuis plusieurs mois (promotion à l'exportation, simplification des contrôles). Il convient également d'analyser la réalité budgétaire de ces annonces.
« Notre première urgence, c'est le prix », a-t-il martelé lors de la conférence de presse mercredi midi. Le syndicat promet de continuer à mettre la pression sur les opérateurs : les noms de ceux qui ne jouent pas le jeu n'ont pas officiellement été donnés, mais la FNSEA promet les résultats de son enquête de terrain pour la fin du mois. En attendant, pas de consigne claire aux manifestants en Régions. « Nous allons retourner vers notre réseau pour voir dans quelles conditions les barrages pourraient être levés, a indiqué Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. L'objectif n'est pas de bloquer les concitoyens qu'on appelle au patriotisme alimentaire ».
Mais depuis 15 jours, des actions ont été programmées dans la plupart des départements. « Certaines commencent ce soir », a-t-il averti. On sent une tête de réseau débordée par sa base... Et c'est peut-être à cette base que s'adressait cette sortie de Xavier Beulin : « Je joue souvent la soupape de décompression alors que c'est au ministre de l'Agriculture » d'assumer ce rôle.
Pour la FNSEA/JA, « trois chantiers sont à travailler sans attendre la fin de l'été » :
- « Moins de normes pour être à parité avec nos collègues européens », en matière environnementale notamment.
- « Restructurer les dettes », en particulier des fournisseurs. « Il faut être innovant en la matière comme on l'a fait autrefois pour la sidérurgie ou plus récemment pour la Grèce ». Lundi, il évoquait une titrisation de la dette.
- « Plus et surtout mieux de contractualisation : nous avons besoin de justice, d'équité et de sécurité ». Autrement dit, prendre en compte les coûts de revient.
« Stéphane Le Foll les prend à son compte. Tant mieux. Nous avons besoin d'un travail de fond, ça va prendre du temps », reconnaît le président de la FNSEA.