La FDSEA des Hautes-Alpes a reçu, à sa grande surprise, la visite d'un huissier le 25 août, lequel a annoncé au syndicat une assignation en référé pour le jeudi 27. Le plaignant ? Lactalis. La raison ? Un courrier du 18 août 2015 envoyé par la FDSEA aux grandes surfaces du département, dans lequel elle leur demandait de ne plus commander de produits laitiers à Lactalis et Savencia (ex-Bongrain).
Ces deux industriels avaient annoncé qu'ils ne suivraient pas l'accord conclu le 24 juillet au ministère de l'Agriculture, dans lequel il avait été convenu par les parties prenantes que la distribution accorderait une hausse de 4 centimes par litre sur un certain nombre de produits laitiers (marques de distributeur et premier prix), hausse ensuite répercutée par les industriels aux producteurs.
La FRSEA du Rhône-Alpes a proposé cette action au début d'août, rédigeant un courrier destiné aux enseignes. Elle annonçait que les éleveurs passeraient dans les magasins pour vérifier s'il y avait des produits de Lactalis et de Savencia, sans préciser quelles mesures de rétorsion ils pourraient prendre. La FDSEA 05 l'a relayé, en demandant aux distributeurs de répercuter ce courrier aux deux groupes laitiers. Ce qui a été fait par une petite enseigne du département. Savencia n'a pas réagi, mais Lactalis a déposé un référé. La justice a débouté le groupe le lendemain, et condamné Lactalis à verser 1.000 euros, en indemnisation des frais de justice engagés par le syndicat.
Lactalis : « Pas de commentaire »
« Sur le fond, Lactalis est dans son droit, reconnaît Astrid Labaye, directrice de la FDSEA. Mais sur la forme... il ne respecte pas l'accord du 24 juillet, au motif qu'il n'a rien signé. » Pour la suite des actions, la FDSEA a opté pour la prudence. « Nous avons changé notre fusil d'épaule. Nous n'utiliserons pas de stickage “voleur” sur les produits de Lactalis et Savencia, qui est diffamatoire... » Les éleveurs vont plutôt faire la communication « positive », en signalant aux consommateurs qui joue le jeu, et en les incitant à plutôt acheter les produits de ces industriels.
De la part de Lactalis, c'est « Pas de commentaire ». « Nous ne voulons pas rajouter à cette polémique, a précisé Michel Nalet, responsable de la communication du groupe. Simplement, nous sommes viscéralement opposés aux actions menant à des retraits des produits. » Lactalis invoque une « entrave à la liberté d'entreprendre et du commerce », et il estime que les « visites » annoncées d'agriculteurs » dans les GMS sous-entendent une menace.