L'ancien président français Jacques Chirac appelle la communauté internationale à «assumer ses responsabilités» au plus vite face au risque d'une «crise majeure» dans le domaine alimentaire, dans une tribune publiée dans Le Monde daté de jeudi.
«Le monde est confronté au spectre des grandes famines alors même qu'il traverse une crise financière dangereuse», souligne le président de la Fondation «pour le développement durable et le dialogue des cultures» lancée récemment.
Selon Jacques Chirac, «cette conjonction des périls fait courir au monde un risque sans précédent» et «les ingrédients d'une crise majeure sont réunis».
«La communauté internationale doit assumer ses responsabilités», affirme-t-il, jugeant que le Conseil de sécurité des Nations unies, «qui devrait se tenir au plus tôt sur la crise alimentaire mondiale, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la déstabilisation des Etats les plus menacés».
Comme l'Europe et les Etats-Unis, «les autres grandes puissances» doivent avoir «à coeur» de participer à «cet effort immédiat de solidarité», estime-t-il, prônant «une véritable révolution des modes de pensée et d'action en matière de développement».
«L'autosuffisance alimentaire est le premier des défis à relever pour les pays en développement», poursuit l'ex-chef de l'Etat, pour qui l'agriculture vivrière «doit être protégée» contre «une concurrence débridée des produits d'importation».
«Les échanges doivent obéir à des règles équitables (...) La libre circulation des produits ne peut pas se faire au détriment des producteurs les plus fragiles», insiste-t-il.
«Il est vital de maintenir l'effort d'aide publique au développement et de respecter l'objectif de 0,7% du PIB», mais aussi de dégager d'autres ressources «par des financements innovants», dit-il encore, citant l'exemple de la taxe sur les billets d'avion qu'il avait initiée.
Appelant à «d'autres efforts d'imagination», il souhaite que la communauté internationale «explore» la proposition du président de la Banque mondiale Robert Zoellick d'«orienter» une partie des moyens des fonds souverains «vers des investissements productifs en Afrique».