La France doit privilégier les projets locaux de taille « raisonnable » pour développer davantage l'énergie issue de la biomasse (bois, plantes, etc.), plus importante énergie renouvelable de l'Hexagone mais méconnue, selon un rapport parlementaire présenté le mercredi 19 juin 2013.
« La biomasse est une énergie éminemment locale qui se marie mal avec les grands projets nécessitant des approvisionnements très lourds », estiment les corapporteurs, le député écologiste François-Michel Lambert et son homologue Sophie Rohfritsch (UMP).
« Une organisation territoriale des acteurs publics et privés autour de projets de taille raisonnable, privilégiant la production de chaleur, la cogénération (production simultanée d'électricité et de chaleur, NDLR) et la production de biométhane, présente les meilleures probabilités de succès à un coût raisonnable », ajoutent-ils dans leurs propositions.
Dans sa définition énergétique, la biomasse regroupe usuellement la production d'énergie (électricité, gaz, chauffage, carburants) à partir de matière organique, ce qui inclut le bois, les produits agricoles, les déchets agricoles, forestiers ou ménagers, etc.
Le bilan en matière d'émissions de CO2 de ces énergies est le plus souvent vertueux : quand les énergies fossiles relâchent du carbone enfoui dans le sol depuis des millénaires, la biomasse ne rend à l'atmosphère le CO2 que ce que les plantes y ont capté. Il faut néanmoins ajouter dans ce bilan l'énergie dépensée lors de la culture, la récolte et le transport des plantes, du processus industriel de production d'énergie lui-même, ainsi que l'éventuel impact par ricochet en termes de déforestation ou d'extension des terres agricoles.
Des projets trop grands conduisent à l'importation et au transport par exemple de bois sur de longues distances, ce qui réduit voire annihile les avantages écologiques, font valoir leurs opposants.
M. Lambert, coauteur du rapport, a ainsi multiplié les critiques à l'endroit d'une grande centrale électrique au bois de l'énergéticien allemand EON prévue à Gardanne (Bouches-du-Rhône), au motif que son approvisionnement local est insuffisant.
Fait méconnu, la biomasse est de très loin la première énergie renouvelable dans le monde. En France, le bois énergie a à lui seul fourni, en 2011, 46 % de l'énergie renouvelable, soit neuf fois plus que l'éolien et 40 fois plus que le solaire. S'ajoutent les biocarburants (10 %), les déchets ménagers (6,4 %), le biogaz (1,8 %) et les résidus agricoles (1,8 %).
Dans ses autres propositions, le rapport recommande un soutien public « à un niveau acceptable », la plupart des projets de biomasse n'étant pas encore rentables sans aides financières. Les cheminées ouvertes, qui émettent des suies polluantes en quantité, doivent notamment être remplacées « au plus tôt » par des équipements individuels plus performants.
Outre la relance de la filière française du bois, objet d'un autre rapport attendu au début de juillet, les rapporteurs appellent également à privilégier les usages avec les meilleurs rendements énergétiques et à « combattre les effets d'aubaine », comme ceux constatés dans le photovoltaïque en 2010.
Pour le biogaz/méthanisation, il convient aussi de défendre l'économie circulaire réutilisant des déchets plutôt qu'« une course à la production de cultures énergétiques ».
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