Le groupe coopératif Sodiaal a annoncé, jeudi, poursuivre ses négociations avec le groupe laitier Entremont, actuellement en grande difficulté, même si Lactalis, écarté dans un premier temps, pourrait revenir dans la course.
«Nous continuons à travailler avec Entremont, sans ralentissement ni inflexion», a déclaré Gérard Budin, président de Sodiaal.
Entremont et Sodiaal avaient signé en octobre un accord de «négociations exclusives» pour deux mois en vue de leur rapprochement pour former le quatrième groupe laitier européen. Mais à la fin de novembre, aucun accord n'avait été trouvé entre les deux entreprises.
«Compte tenu des positions exprimées par Lactalis auprès des producteurs et de l'actionnaire d'Entremont ainsi qu'auprès des pouvoirs publics, cela paraissait quasi inéluctable que l'on permette au groupe Lactalis – puisqu'il n'y a plus d'exclusivité – de faire une offre», selon Gérard Budin.
«Nous continuons à travailler dans les délais qui nous sont demandés» par l'actionnaire majoritaire (la CNP d'Albert Frère, via Unifem) «pour délivrer l'offre qui sera comparée à celle de Lactalis si le groupe en fait une», a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait réclamé mercredi une «solution industrielle définitive» pour Entremont avant la fin de l'année.
«Le non-aboutissement de l’alliance Sodiaal-Entremont mettrait la France en situation d’exception européenne, comparativement à la puissance des groupes coopératifs construits par tous nos voisins européens», a affirmé de son côté Coop de France, jeudi, dans un communiqué.
L'organisation «en appelle solennellement à Nicolas Sarkozy», pour qu'il «confirme sa détermination de Poligny: encourager l’organisation économique des agriculteurs et soutenir ceux qui s’engagent dans des outils industriels de valorisation de leurs productions en fixant de la valeur ajoutée et des emplois dans les territoires».
«Pour contrer l’émergence de ce pôle coopératif laitier, le groupe Lactalis use, depuis le début des discussions, de tous les moyens. Ses démarches auprès des livreurs d’Entremont, assorties d’importantes promesses financières, ou ses pressions auprès des pouvoirs publics démontrent le refus de Lactalis de voir émerger un groupe coopératif concurrent, qui l’empêcherait de dicter unilatéralement ses conditions aux producteurs de lait», ajoute Coop de France.
Lactalis n'a toujours pas fait d'offre en bonne et due forme. «Il faut attendre quelques jours», a déclaré, mercredi, Luc Morelon, porte-parole de Lactalis, après l'intervention du ministre.
Cependant, dans un récent courrier lu lors des réunions des producteurs d'Entremont, Lactalis leur a proposé de payer leur lait à un prix attractif, ce qui les a fait réfléchir par rapport aux propositions de Sodiaal.
Sodiaal demande à chacun des producteurs de payer pendant cinq ans 1,7 euro pour 1.000 litres afin de devenir adhérent à la coopérative, un capital que les éleveurs pourront récupérer le jour où ils la quitteront.
Sodiaal souhaite également que les producteurs participent pendant sept ans à raison de 3,80 euros pour 1.000 litres afin de contribuer au redressement des activités d'Entremont, une exigence financière qui a du mal à passer chez les éleveurs.
Ces deux contributions représentent un total de 59 millions, a précisé Gérard Budin. La dette d'Entremont était évaluée à la fin de 2008 entre 360 et 370 millions d'euros. «Il n'est pas impossible que nous améliorons cette offre», a ajouté le président de Sodiaal, sans donner de précisions.