Le bilan énergétique de la production d’éthanol sur un site comme celui d’Arcis-sur-Aube (Groupe Cristal Union) est largement positif. De plus, la réduction des émissions de gaz à effet de serre atteint 63% par rapport à la filière de l'essence.
Ces résultats, présentés lors d’une visite du site de production de bioéthanol de Cristanol, à Bazancourt (Marne), mardi 20 mai, proviennent d‘une étude commanditée par le SNPAA (producteurs d’alcool agricole) et la FCB (Fédération des coopératives betteravières) à la société Ecobilan. L’étude a été réalisée en mars 2008, dans le contexte de la directive européenne du 23 janvier 2008.
«Pour produire un mégajoule (MJ) d’éthanol, 0,46 MJ d’énergie fossile est mobilisé, tandis qu’il faut 1,16 MJ pour 1 MJ d’essence, soit une économie de 60%, affirme Emmanuelle Henry, consultante chez Ecobilan, filiale de PriceWaterHouseCoopers. 32 g équivalent CO2 sont émis par MJ d’éthanol produit, contre 87,6 g éq. CO2 par MJ d’essence. Cette différence tient essentiellement au fait que le CO2 émis est renouvelable et donc compté pour zéro.»
Ces résultats sont le fruit d’une importante restructuration du site d’Arcis-sur-Aube, qui en fait le plus performant d’Europe. De plus, le nouveau site de Cristanol 1, entré en production en juin 2007, a dépassé l’usine d’Arcis depuis quelques semaines en termes d’économies d’énergie.
«Ces résultats vont encore être améliorés grâce à l’utilisation de la biomasse comme combustible, a présenté Maurice Lombard, directeur industriel du site de Bazancourt. Les vinasses et eaux résiduaires seront méthanisées, tandis que les sons, coproduits de la deuxième ligne Cristanol 2 (blé + betteraves, en construction) et de la glucoserie Chamtor, seront gazéifiés.»
«L’utilisation de la biomasse interne permet d’économiser encore 12% d’énergie fossile par rapport au scénario actuel et de réduire de 10% les émissions de gaz à effet de serre», poursuit Emmanuelle Henry.
Un pilote de méthanisation sera installé à Arcis-sur-Aube pour la campagne sucrière de 2008. Les unités de grandeur nature devraient être opérationnelles entre la fin de 2009 et le début de 2010. A terme, l’objectif est d’affranchir les distilleries de l’énergie fossile pour les alimenter totalement en énergie issue de la biomasse.
Selon Dominique Dutartre, président d’ARD (Agroindustries recherche et développement), «la production de carburants de deuxième génération par hydrolyse et fermentation de la cellulose des plantes s’insérera dans les lignes de production de la première génération». Un pilote de deuxième génération est déjà prévu sur le site de Pomacle, à proximité d’ARD et à quelques kilomètres de Bazancourt.