Dix mois après le scandale de la viande de cheval, seule une minorité d'enseignes et de marques jouent réellement le jeu de la transparence en indiquant l'origine des viandes utilisées dans leurs plats transformés, révèle le lundi 9 décembre 2013 une étude d'UFC-Que Choisir.
Constatant l'échec de cette autorégulation des acteurs, l'association de consommateurs réclame aux autorités françaises et européennes de légiférer rapidement sur cette question, afin que l'étiquetage de l'origine des viandes soit rendu obligatoire sur tous les plats.
Selon cette étude qui a porté sur 91 produits de consommation courante contenant des « quantités significatives » (de 6 à 39 %) de viande de bœuf, l'origine de la viande reste encore absente dans 62 % des produits.
Si un effort a été fait sur le rayon frais, avec 74 % de mentions de l'origine sur les produits, du côté des surgelés, pourtant particulièrement touchés par le scandale en termes de conséquences sur les ventes, moins d'un produit sur deux (48 %) comporte une mention de l'origine.
Dans les autres rayons, l'origine de la viande n'est mentionnée que dans 29 % des produits en conserve, dans 21 % des plats préparés en barquette, et dans 17 % des sauces en bocal en verre. « Le bilan global de l'étiquetage volontaire est donc très mitigé », constate UFC-Que Choisir dans un communiqué.
Du côté des enseignes, malgré les promesses de transparence affichées dès février 2013 par sept des neuf distributeurs étudiés, seules deux d'entre eux – Picard et Auchan – respectent actuellement véritablement cet engagement en faisant figurer l'origine des viandes contenues dans leurs plats (à marque de distributeur, MDD) dans une très grande majorité de produits (respectivement 83 et 78 %).
Chez Carrefour et Système U, un produit sur deux comporte une mention de l'origine. Le score chute ensuite chez Casino (43 %), Intermarché (38 %) et Leclerc (18 %). Chez Monoprix et Leader Price, aucun des produits relevés par l'association dans le cadre de son étude ne fait figurer une quelconque indication sur l'origine de la viande utilisée.
Les marques nationales se révèlent elles « globalement encore moins transparentes sur l'origine des viandes utilisées dans leurs produits » que les MDD, note l'UFC.
La majorité d'entre elles – six sur dix – n'indiquent « aucune indication de l'origine (Zapetti, William Saurin, Barilla, Charal, Maggi, Louis Martin) », détaille l'association.
Pour les quatre autres restantes – Panzani, Findus, Marie, Fleury Michon – en revanche, « tous les produits étudiés portent la mention de l'origine ».
L'UFC a également relevé lors de son enquête, qu'à défaut d'indiquer clairement le lieu de provenance de leurs viandes, 30 % des produits étudiés portent des « mentions valorisantes » du type « pur bœuf », « transformé en France », « 100 % bœuf sélectionné », « riche en bœuf », « viande contrôlée avec soin ».
Selon l'association, à l'exception de la mention « pur bœuf », ces autres affichages « n'offrent aucune garantie particulière aux consommateurs, puisqu'elles ne sont pas définies réglementairement ».
« Il apparait donc que ces “accroches” marketing sont surtout des “cache-misère” pour faire oublier l'absence d'étiquetage de l'origine », estime UFC-Que Choisir.
Enfin, alors que beaucoup de professionnels s'étaient inquiétés publiquement des surcoûts qu'entraînerait l'étiquetage obligatoire de l'origine, l'enquête montre que les différences de prix entre les marques et enseignes ayant choisi de mettre en place cet affichage et celles qui ne l'ont pas fait, est en réalité minime.
Entre décembre 2012 et novembre 2013, les prix des produits portant l'origine de la viande ont augmenté en moyenne de 0,68 %, alors que les autres ont crû de 0,01 %, « soit une différence de seulement 0,67 point », note l'UFC.
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