Au moins deux des treize millions de Zimbabwéens vont avoir besoin d'aide alimentaire dans les mois à venir en raison de faibles pluies et de mauvaises récoltes, annonce mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué. Ce chiffre, compilé par une équipe composée de représentants du gouvernement, du PAM et d'autres agences alimentaires, est le plus élevé depuis 2009, précise cet organisme de l'ONU.
« La faim est en progression au Zimbabwe, où environ 2,2 millions de personnes - un habitant sur quatre des zones rurales - risquent d'avoir besoin d'une assistance alimentaire durant la période précédant les récoltes au début de l'année prochaine », précise le PAM. « Plusieurs régions, notamment dans le sud, ont eu de très mauvaises récoltes, et les gens essaient déjà de faire durer des provisions qui s'épuisent rapidement », a déclaré le directeur du PAM pour le Zimbabwe, Sory Ouane.
Selon le PAM, l'actuelle pénurie est due « à des conditions météo défavorables, à la rareté et au coût élevé des inputs agricoles comme les semences et les engrais, et au prix élevé des céréales dû à la mauvaise récolte de maïs ». Les inspecteurs du PAM ont constaté que le prix des céréales pouvait avoir progressé de 15 % depuis un an dans les zones rurales du pays, interdisant de facto à nombre de gens d'acheter suffisamment à manger. Le PAM a décidé de commencer ses distributions de nourriture en octobre, et de monter en puissance ensuite jusqu'aux récoltes de mars.
Autrefois grenier à blé de l'Afrique australe, le Zimbabwe est confronté à des disettes récurrentes et doit maintenant importer des produits alimentaires. Les opposants au président Robert Mugabe, triomphalement réélu en juillet lors d'un scrutin entaché de fraudes, accusent le régime d'avoir affamé le pays en chassant 4.000 fermiers blancs au début des années 2000, pour redistribuer la terre à des proches du pouvoir ou à des paysans sans formation, laissés sans matériel ni possibilités d'investissement.