La FAO a estimé jeudi que l'objectif de réduire de moitié le nombre de personnes affamées dans le monde d'ici à 2015 «pourrait être inaccessible», après l'annonce la veille par son directeur Jacques Diouf d'une hausse de 75 millions, à 925 millions, de personnes sous-alimentées.
«Avec un nombre de personnes chroniquement affamées plus élevé maintenant dans le monde (...) l'objectif du Sommet alimentaire mondial de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées pourrait être inaccessible», met en garde l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture dans un communiqué.
«Le nombre de personnes sous-alimentées avant la flambée des prix de 2007-2008 était de 850 millions. Ce nombre a augmenté au cours de la seule année 2007 de 75 millions, atteignant le chiffre de 925 millions», a déclaré mercredi M. Diouf.
Les différents sommets sur l'alimentation, en 1996, en 2002 et le dernier en juin dernier à Rome, ont tous souligné la volonté «d'atteindre la sécurité alimentaire» et «de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées pour 2015 au plus tard».
Mais la FAO prévient que le pire est peut-être encore à venir.
«Etant donné la hausse continue et draconienne des prix des céréales de base et de l'huile au cours de l'année 2008, le nombre de personnes souffrant de faim chronique a probablement augmenté encore», par rapport aux 925 millions annoncés, poursuit l'agence spécialisée.
Sur les 75 millions de personnes affamées supplémentaires, la majeure partie provient de la région Asie-Pacifique (+41 millions), suivie de l'Afrique subsaharienne (+24 millions) et de l'Amérique latine (+6 millions), le Proche-Orient et l'Afrique du Nord fermant la marche avec +4 millions.
«C'est inacceptable», a martelé Hafez Ghanem, vice-directeur général de la FAO en charge du développement économique et social, en présentant les derniers chiffres, évoquant «la gravité de la situation qui montre un grand bond du nombre de personnes souffrant de la faim».