Un train de biodiesel a fait plusieurs allers et retours entre le Canada et les Etats-Unis sans jamais décharger sa cargaison, rapportant à ses commanditaires des millions de dollars en crédits d'énergies renouvelables, a révélé mercredi la chaîne publique canadienne CBC.
La société Bioversel, basée à Toronto, a apparemment profité d'une lacune dans la législation américaine destinée à promouvoir les énergies renouvelables, affirmant que l'opération organisée en juin 2010 était parfaitement légale.
En envoyant douze trains de biodiesel – en fait il n'y en avait qu'un – dans l'Etat du Michigan (Nord), Bioversel a pu obtenir près de 12 millions de crédits RIN (renewable identification number), recherchés par les compagnies pétrolières américaines soucieuses de montrer qu'elles mettent sur le marché des sources d'énergies renouvelables. Un RIN « biodiesel » s'achetait à l'époque un demi-dollar, mais son prix a ensuite rapidement dépassé un dollar.
Une fois « importé », le biodiesel était transféré à la filiale américaine de Bioversel, Verdeo, qui le renvoyait au Canada en payant son « exportation » avec des crédits RIN « éthanol », ne valant que quelques cents l'unité.
La navette lucrative a cessé lorsqu'une société ontarienne, invitée à « importer » le biodiesel, y a vu une fraude et a alerté l'Agence de protection de l'environnement (EPA) aux Etats-Unis.
L'enquête de celle-ci n'est pas encore terminée.