Les éleveurs peuvent vacciner leurs animaux. Les vétérinaires ne s'y opposent pas tant qu'aucune certification ne leur est demandée, explique Pierre Buisson, secrétaire général du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL), dans une interview.
Que vous inspire le rapport Guéné concernant la vaccination par les éleveurs?
«Le sénateur Guéné, sous la houlette des services du ministère, pointe du doigt une insécurité juridique qui n'existe pas. Le fait que l'éleveur administre lui-même un produit vétérinaire prescrit par son praticien ne doit pas faire débat. La vaccination fait partie des actes et des soins réalisables par un éleveur.»
Pourquoi avoir contesté cette possibilité pour la fièvre catarrhale ovine?
«Parce que nous étions dans le cas d'une prophylaxie collective, ce que le ministère n'a jamais voulu admettre. Et, après avoir tout organisé, il nous demandait de certifier les cheptels. Dans ce cas, la réglementation est claire: c'est au vétérinaire sanitaire d'intervenir. Il n'y a pas de statut intermédiaire où l'éleveur vaccinerait les vaches, et nous, les veaux destinés à l'exportation.»
Rendre la vaccination facultative ne changera rien?
«Nous sommes les garants de la certification, et nous ne pouvons pas certifier ce que nous n'avons pas fait. Bruxelles a conditionné ses aides à cette certification. En revanche, il y a un point à régler, celui de la manipulation par l'éleveur d'un vaccin contre une maladie réglementée. Une adaptation réglementaire est peut-être nécessaire, mais il n'y a pas besoin de légiférer. Sinon, demain, d'autres personnes monteront au créneau pour réaliser elles-mêmes certains actes vétérinaires.»
Que vous inspire la proposition d'étudier les conditions où la vaccination, si elle est obligatoire, pourrait être effectuée sous la responsabilité et en présence du vétérinaire?
«Comme l'ordre des vétérinaires, nous pensons qu'elle est de nature à faire rire éleveurs et praticiens. Nous n'imaginons pas un de nos clients acceptant de nous payer pour le regarder piquer. La FCO a porté atteinte à la relation avec nos clients. Cela gêne la réalisation d'actes plus valorisants pour les deux parties. Cela a même pu accélérer l'abandon de la rurale dans certains cabinets. Et ça, nous le regrettons!»
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