Le tribunal de commerce de Rennes n'a reçu aucune offre de reprise, à la date limite de lundi midi pour Gad SAS, la société des abattoirs Gad, placée en redressement judiciaire depuis février sur fond de crise porcine et qui emploie près de 1.700 personnes dans l'Ouest, a-t-on appris de sources concordantes.
« Je viens d'avoir l'administrateur judiciaire. Il n'y a aucun repreneur pour Gad », a déclaré, le lundi 10 juin 2013 , Olivier Le Bras, représentant du personnel.
Les administrateurs judiciaires, qui n'ont reçu aucune offre de reprise même partielle, selon des sources concordantes, « demeurent attentifs à toute marque d'intérêt qui pourrait leur parvenir puisque le tribunal a la faculté d'examiner toute offre déposée hors délai », ont-ils affirmé dans une communication aux représentants du personnel.
« La société Gad doit impérativement et d'urgence mettre en place une stratégie lui permettant d'assurer sa rentabilité. Nous demandons aux actionnaires Cecab et Prestor de présenter un tel plan pour permettre le maintien, même partiel, de l'activité », ont-ils ajouté, en précisant que « la viabilité du projet reposera notamment sur un soutien des actionnaires, des principaux fournisseurs et des créanciers ».
La société Gad SAS est détenue à 65 % par la coopérative morbihannaise Cecab, principalement orientée vers la production légumière, et à 35 % par le groupement de producteurs de porcs Prestor. Elle emploie respectivement 850 et 650 personnes dans ses abattoirs de Lampaul-Guimiliau (Finistère) et de Josselin (Morbihan), ainsi que 50 salariés à son siège de Saint-Martin-des-Champs (Finistère) et 80 dans son atelier de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
L'entreprise, qui abat au total quelque 2,4 millions de porcs chaque année, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rennes le 27 février, avec une période d'observation de six mois, courant jusqu'au 21 août.
Selon Olivier Le Bras, qui s'attend à la tenue d'un comité central d'entreprise extraordinaire au début de la semaine prochaine, « les adhérents de la Cecab veulent se séparer de cette filière ».
La filière porcine est confrontée à de graves difficultés économiques, les abattoirs étant fragilisés par une situation de surcapacité en raison de la baisse de production de porcs en France.
Les dirigeants de Gad Sas « ne veulent pas faire un plan social d'envergure : ils veulent commencer par fermer l'abattoir de Lampaul, le meilleur, sachant que celui de Josselin, qui n'a jamais gagné d'argent en 24 ans, n'ira pas très loin après », en raison de la crise de la filière. La fermeture au 20 août de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau avait été annoncée par les élus locaux à la fin de mai, la direction de Gad SAS précisant alors que « toute décision était à ce stade prématurée ».
Selon une source proche du dossier, les pertes de Gad SAS auraient atteint 20 millions d'euros en 2012. L'abattoir de Lampaul-Guimiliau a ainsi connu une baisse d'activité de l'ordre de 10 % en 2012 et celui de Josselin un recul de 4,45 %, selon les chiffres du Sniv/SNCP qui regroupe les entreprises françaises de la viande.
« Sauf incident, on doit travailler jusqu'au 21 août. Mais ça peut s'arrêter avant, s'il y a un problème de trésorerie par exemple », a souligné M. Le Bras.
Une action commune avec les agriculteurs est prévue le mardi 11 juin, a-t-il annoncé, soulignant : « On a été gentils jusqu'à maintenant ; mais, là, ça va se durcir. »
Après une réunion au début de l'après-midi à Lampaul, les salariés se rendront en voiture jusqu'au siège social du groupe, à Saint-Martin-des-Champs, près de Morlaix. Ils seront accompagnés par les agriculteurs en tracteurs et bloqueront de fait la quatre-voies dans le sens Brest-Rennes, sur la quinzaine de kilomètres séparant Lampaul-Guimiliau de Saint-Martin-de-Champs.