Quatre sénateurs socialistes du Sud-Ouest ont écrit à l'ambassadeur des Etats-Unis pour protester contre l'interdiction par la Californie de la vente de foie gras et solliciter une rencontre pour trouver une solution.
Soulignant que le foie gras est « un produit phare d'une gastronomie qui fait la fierté de notre pays dans le monde entier », les élus, dans cette lettre rendue publique jeudi, manifestent « leur incompréhension » devant une « loi ''très sélective'' sur la notion de bien-être animal » qui fait montre « d'une méconnaissance de la technique du gavage ».
« Déjà, il y a dix ans, la multiplication des contraintes vétérinaires et sanitaires américaines et la surtaxation imposée au foie gras avaient découragé de nombreuses entreprises françaises », notent Jean-Jacques Mirassou (Haute-Garonne), Claude Berit-Debat (Dordogne), Roland Courteau (Aude) et Alain Fauconnier (Aveyron).
Les sénateurs indiquent souhaiter trouver avec l'ambassadeur, Charles Rivkin, « la manière de préserver les conditions d'un échange serein et mutuellement profitables entre nos régions et les acteurs de la gastronomie de Californie ».
Mercredi, le ministère français de l'Agriculture avait indiqué que le gouvernement allait examiner « les suites à donner » à cette interdiction et dans l'immédiat convier l'ambassadeur des Etats-Unis à une réunion de travail pour le « sensibiliser ».
Les professionnels français du secteur ont demandé au gouvernement d'intervenir, jugeant que cette interdiction pourrait être contraire aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Aux Etats-Unis, un groupe de restaurateurs de Los Angeles et de producteurs ont entrepris une action en justice pour faire annuler la loi interdisant la fabrication et la vente du foie gras en Californie, quelques jours après son entrée en vigueur.
Le Hot's Restaurant Group, l'Association des éleveurs de canards et d'oies du Québec (Canada) et le producteur de foie de l'Hudson Valley – dont le siège se trouve à New York – ont fait valoir que cette interdiction était « inconstitutionnelle, imprécise et qu'elle empiète sur les lois fédérales du commerce ».
L'interdiction de vendre et produire du foie gras avait été votée en 2004, à l'initiative d'associations et d'hommes politiques comparant le gavage à une torture. Elle laissait sept ans et demi aux producteurs pour trouver une alternative au gavage. Les restaurants servant du foie gras s'exposent à une amende de 1.000 dollars (790 euros).
Quelques-uns des chefs les plus réputés de l'Etat, y compris Thomas Keller, le seul chef américain à avoir deux restaurants trois étoiles au guide Michelin, ont redoublé d'efforts pour convaincre les législateurs de faire marche arrière.
Michael Tenenbaum, l'avocat, chargé de défendre cette semaine à Los Angeles, l'action en justice des restaurateurs et producteurs de foie gras a estimé que la loi n'est pas claire concernant la définition du gavage.
« La loi interdisant le gavage, a-t-il argumenté, ne fournit aucun critère intelligible – tel que le poids, le volume, l'apport calorique – par lequel ceux qui nourrissent les canards... peuvent déterminer jusqu'à quel point le canard a reçu plus de nourriture que le texte de loi le permet », selon le Los Angeles Times.
L'ancien parlementaire à l'origine de la loi, John Burton, a rejeté les demandes des personnes opposées à l'interdiction, en faisant un parallèle entre la tradition du foie gras et la torture par simulation de noyade et les mutilations génitales des femmes.