Les cessions de terres agricoles dans les pays pauvres, trop souvent opaques et accompagnées de violences, ont été dénoncées, samedi à Davos (Suisse), lors du 43e Forum économique mondial.
« Etre fermier dans un pays pauvre peut être dangereux, il y a eu des morts », a déclaré Barbara Stocking, présidente de l'ONG Oxfam Grande-Bretagne, lors d'une table-ronde sur la sécurité alimentaire. Mme Stocking a notamment fait référence à des activistes au Guatemala, abattus il y a dix-huit mois, pour s'être opposés à des cessions de terres agricoles.
« Les cessions se font trop souvent dans la plus totale opacité. Les terres sont cédées par le chef de village et le fermier se retrouve sans ressources », a ajouté Mme Stocking, qui a réclamé une « réglementation légale du droit de la propriété », opposable aux vendeurs et aux investisseurs.
Le ministre nigérian de l'Agriculture, Akinwumi Adesina, a expliqué à ce sujet que son pays était en train de mettre en œuvre un registre foncier des terres agricoles. « Nous travaillons aussi sur une base de données des fermiers, ce qui nous permettra d'optimiser la taille des exploitations », a-t-il ajouté.
Les participants à cette table-ronde, organisée dans le cadre du 43e Forum économique mondial, se sont dits globalement confiants dans les capacités de l'industrie agricole à nourrir neuf milliards d'individus d'ici à 2050.
« Je suis optimiste », a déclaré Jaidev Shroff, le patron du groupe agrochimique indien UPL (United Phosphorus). « L'agriculture est devenue aujourd'hui un business, et le principal défi est de régler les problèmes logistiques », a-t-il ajouté. De nombreux produits agricoles sont en effet jetés, faute de capacité de stockage et de conservation.
Le ministre nigérian de l'Agriculture a indiqué à ce sujet que 45 % des tomates produites dans son pays devaient être jetées, faute d'infrastructures de stockage ou d'usines de transformation.
Selon une récente étude des Nations unies, 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont perdues ou gaspillées chaque année.
Enfin, les participants à la table-ronde ont estimé que les produits alimentaires étaient devenus très sûrs aujourd'hui. « Ce que vous mangez aujourd'hui est beaucoup plus sûr que ce que vous avez mangé il y a vingt ans. Le niveau de sécurité alimentaire augmente tous les ans, c'est devenu une priorité de tout premier plan », a assuré M. Shroff.
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