« On ne le sait pas assez mais les Safer, très connues pour leurs actions en zones rurales, interviennent avec pertinence dans les zones périurbaines. » La FNSafer a voulu en faire la démonstration lors de son congrès annuel, organisé à Paris les 30 novembre et 1er décembre sur « les actions des Safer en zones périurbaines ».
Le nouveau président des Safer, Emmanuel Hyest, a lancé un appel aux collectivités : « les Safer peuvent être l'interloculteur-expert unique des élus locaux. Elles peuvent les accompagner à mettre en œuvre leurs politiques d'une part, à partir de diagnostics de territoires, d'observation foncière, notamment à travers un nouveau site cartographique en ligne Vigifoncier. D'autre part, par des actions d'achat, de vente et de gestion ».
En France, les grands pôles urbains, entre 1999 et 2008, ont progressé de 22 % et l'espace périurbain de 42 %. La France dispose de terres, contrairement à certains de ses voisins européens, et elle les a gaspillées. Alors qu'elle a par exemple une densité de population deux fois plus faible qu'en Allemagne, elle a consommé beaucoup plus d'espace. La ville s'étale au détriment d'abord des (bonnes) terres agricoles.
En Ile-de-France par exemple, la déprise agricole était de 2000 hectares par an avant l'an 2000. Elle n'est plus « que » de 1000 hectares par an. Mais c'est encore un rythme trop soutenu pour les agriculteurs concernés. « L'avenir du potentiel agricole français est en jeu, en même temps que la réponse à une demande de plus en plus forte d'une alimentation de proximité ». Et les Safer entendent y jouer un rôle.
La Safer d'Ile-de-France travaille par exemple en ce moment, notamment en concertation avec la profession agricole, à la transformation de la base aérienne de Brétigny en une centaine d'hectares de maraîchage bio. « La Safer ne se crispe pas sur un modèle à installer en zone péruiurbaine. Tous les modes de production sont possibles pourvu qu'il y ait un objectif économique et d'épanouissement personnel », a déclaré Emmanuel Hyest.
Et les agriculteurs savent tirer partie de leur proximité avec des zones urbaines. « Ils savent assurer un service : production, transformation, emballage, vente... la multifonctionnalité de l'agriculture est nécessaire. Question de survie ». Pour Christophe Hillairet, président de la chambre régionale d'agriculture d'Ile-de-France, il faut aussi tenir compte des contraintes de la proximité avec la ville (difficulté de se loger, prix du foncier, transport, concurrence sur l'eau...) : « certains agriculteurs mettent 1h30 le matin à rejoindre leurs parcelles parce qu'ils se retrouvent dans des embouteillages ».
Aujourd'hui, dans ces zones, les concurrences d'usage du foncier s'accentue et la pression se renforce. L'incompatibilité entre ces usages n'est pas traitée et conduit à des conflits. Les acteurs et les organes de décision se multiplient et les actions à court terme favorisent le mitage. « Les Safer sont les seules capables de dégager une convergence entre agriculture et préservation de l'environnement », estime Emmanuel Hyest. Il existe bien des outils d'aide à la réflexion ou à la mise en œuvre d'aménagement foncier (DTA, SCOT, POS, PLU, PEAN, ZAP). Mais, sur le terrain, ils sont souvent « trop cloisonnés ou expérimentaux et à la durée de vie limitée ». Du coup, ils ne garantissent pas la durabilité et la cohérence des aménagements en zones périurbaines. Des incertitudes qui privent les agriculteurs de ces zones de perspectives et nuisent à leur développement économique.
Pour Christophe Hillairet, il est temps de reconnaître que « ces territoires ne fonctionnent pas comme les autres. Il leur faut une véritable politique ». Il en appelle à la reconnaissance des « handicaps de zones périurbaines », tant au niveau français qu'européen. « Pour l'instant, la Pac fait l'impasse sur cette notion. Dans les centaines de pages des propositions de la Commission, le mot “urbanisme” n'apparaît qu'une seule fois », regrette-t-il. Guy Vasseur, le président des chambres d'agriculture (APCA), a promis de s'emparer du sujet.