Chaque Français jette entre 20 et 30 kg de nourriture par an, soit une perte estimée à 160 euros par personne. A l'échelle mondiale, c'est un tiers de la production qui est perdue chaque année. « Un scandale éthique autant qu'une question de pouvoir d'achat », a estimé Guillaume Garot (PS), député de la Mayenne, lors de la publication de son rapport sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, le 14 avril 2015.
L'ancien ministre délégué à l'Agroalimentaire met principalement en cause les grands distributeurs. Parmi ses mesures phares, il préconise de leur interdire de jeter les invendus. A cette interdiction devrait s'ajouter une obligation de dons « aux associations qui en feraient la demande ». Un pas de plus par rapport à l'amendement de la loi Macron adopté par les sénateurs le 10 avril, qui suggère une simple autorisation de donner...
« Une fois encore, les préjugés sont tenaces ! La distribution est montrée du doigt alors que c'est certainement le secteur le plus en avance sur cette question », a réagi Michel-Edouard Leclerc sur son blog, ajoutant que « nos élus sont en revanche très discrets lorsqu'on les interpelle sur la lutte contre le gaspillage alimentaire au sein des collectivités qu'ils dirigent : maisons de retraite, écoles, cantines des employés des administrations, crèches... »
Incitation fiscale pour les producteurs
Bien que leur part de responsabilité soit reconnue comme « faible » (elle est beaucoup plus élevée dans les pays en développement, faute de capacités de stockage adéquates), les producteurs sont aussi concernés par cette incitation au don, puisque le rapport Garot recommande d'étendre à tous les produits agricoles le mécanisme de défiscalisation déjà appliqué au lait, dans le cadre de l'aide alimentaire et en cas de surproduction ou d'aléas économiques.
Une idée saluée par la profession : « Cela aura peu d'impact au niveau budgétaire mais beaucoup au niveau psychologique », a affirmé à l'AFP la présidente de l'association Solaal, Angélique Delahaye.
Parmi les autres recommandations, Guillaume Garot souhaiterait la création d'une « agence nationale contre le gaspillage » qui permettrait de « lever les verrous et les blocages administratifs ».