Le virus de la grippe aviaire semble être parvenu à s’installer en Europe, soulignent les scientifiques, après avoir reçu confirmation que la souche découverte en Hongrie était quasiment identique à celle qui avait touché l’Europe l’an dernier.
« Le séquençage complet du virus a montré que celui-ci est identique à 99,4 % à celui isolé l’an dernier en Europe », a indiqué lundi Jean-Luc Angot, directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), en rendant compte de l’analyse menée par le centre de référence de Weybridge (Grande-Bretagne). La Commission européenne avait confirmé quelques heures plus tôt que c’est bien le virus H5N1, dans sa forme la plus virulente, qui a été détecté dans un élevage d’oies de Hongrie.
Budapest a décidé préventivement l’abattage de 9 400 oies d’un autre élevage où des oiseaux présentaient des symptômes suspects. Le pays devra également procéder à des tests sur des oiseaux sauvages des environs pour détecter une éventuelle contagion.
L’irruption de la maladie dans un élevage, après cinq mois sans cas avéré, étonne les spécialistes : l’an dernier, les premiers élevages n’avaient été touchés qu’après que des dizaines d’oiseaux sauvages eurent été retrouvés morts. Le H5N1 est donc parvenu à survivre dans cette partie de l’Europe depuis la fin du printemps dernier, sans se faire détecter. « L’an dernier, tous les oiseaux sauvages retrouvés morts étaient aussitôt notifiés aux autorités, concède cependant le Dr Angot. Il est possible que cela ne soit plus le cas cette année. La surveillance, c’est bien, mais il faut qu’elle soit permanente et pas seulement pendant les périodes de crise. »
Une survie du virus sur une durée aussi longue n’est pas invraisemblable, vu la résistance du H5N1. On le sait capable de survivre longuement dans l’eau froide. Il pourrait aussi être passé d’oiseau en oiseau, sans ce que ceux-ci ne manifestent de symptômes. La grippe aviaire est souvent asymptomatique chez les canards sauvages.
L’arrivée de la maladie est aussi beaucoup plus tardive que l’an dernier, note l’ornithologue Nicolas Gaidet, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). En 2005-2006, les premiers oiseaux morts n’avaient été découverts que début octobre, en Roumanie. Le lien avec les mouvements d’oiseaux migrateurs paraissait alors assez évident. Actuellement, « nous sommes en période d’hivernage et les populations d’oiseaux sont normalement stabilisées, ajoute M. Gaidet. Mais le froid des derniers jours peut en avoir poussé au départ. Les perturbations de la météo peuvent entraîner des déplacements, comme on le constate régulièrement en Camargue, où des oiseaux partent pour le sud de l’Espagne en cas de froid. »