La CGT de Groupama s'est opposée mercredi au « démantèlement progressif » du groupe, déplorant « la spirale négative » dans laquelle est entré l'assureur mutualiste avec la cession en cours de sa filiale Gan Eurocourtage.
« Vendre Gan Eurocourtage, troisième entreprise de courtage française, est une grave erreur. C'est une pépite qui contribue pour 16,4 % aux résultats du groupe », a fait valoir Philippe Goret, porte-parole pour la CGT du collectif Groupama Gan, lors d'une conférence de presse. Il a précisé que cette filiale du groupe représentait « 1.080 salariés produisant 1,2 milliard de chiffre d'affaires ».
Pour lui, « d'un point de vue économique, mettre le pied dans la voie des cessions, c'est le début d'une dégradation continue où chaque cession affaiblit le groupe et conduit inexorablement à de nouvelles cessions ». Il a regretté « la spirale négative » dans laquelle était rentrée la direction du groupe.
Groupama a engagé à la mi-janvier 2012 la cession de Gan Eurocourtage après avoir conclu un accord à la mi-décembre 2011 avec la Caisse des dépôts (CDC) qui prévoyait une recapitalisation à hauteur de 300 millions d'euros.
Pour la CGT, « en vendant Gan Eurocourtage, le groupe perd ces 300 millions d'euros et il perd également 102 millions d'excédent de marge de solvabilité détenue par Gan Eurocourtage ».
Le syndicat s'est également inquiété de la possible vente d'Eurocourtage Vie (174 salariés), « qui n'est plus exclue par le nouveau directeur général de Groupama, Thierry Martel ».
Philippe Goret a estimé que « les vraies raisons des difficultés économiques de Groupama ont d'autres origines que la crise économique ». Il a pointé du doigt la responsabilité du conseil d'administration, qui a « validé une politique capitalisante », « une hérésie », selon lui, pour un groupe mutualiste.
En témoignent « une croissance externe rapide de filiales à l'international qui a coûté 2,1 milliards d'euros, un développement soutenu du marché de l'assurance vie nécessitant 400 millions de fonds propres supplémentaires et la participation excessive dans des actions cotées générant des moins-values latentes d'un coût de 907 millions ».
Le cégétiste a également rappelé que Groupama avait multiplié les acquisitions à l'étranger depuis une dizaine d'années et acheté pour 2,983 milliards d'euros d'obligations des Etats grec, italien, espagnol, irlandais et portugais. Le coût de la décote de ces obligations représenterait « 1,6 milliard d'euros », selon la CGT.
Inquiets de la situation financière et pour l'emploi des 38.500 salariés du groupe, les syndicats CFDT, CGT et CFE-CGC avaient déclenché un droit d'alerte le 3 novembre 2011 et mandaté un cabinet d'experts.
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