Des militants anti-OGM ont annoncé lundi avoir détruit neuf parcelles de présentation de colza Clearfield, qu'ils considèrent comme une « culture transgénique cachée », à Ox (Haute-Garonne), où ils avaient été empêchés d'agir par les gendarmes le 7 juin. Ils ont reçu le soutien de la Confédération paysanne.
« On a finalement coupé les pieds de colza Clearfield sur les neuf parcelles que nous avions repérées au milieu d'un grand champ de colza ordinaire », a expliqué par téléphone à l'AFP le « faucheur volontaire » Alain Hébrard, 72 ans, éleveur de bovins retraité.
Selon les Faucheurs volontaires, ces terres, appartenant à un agriculteur du village d'Ox, sont louées par le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom) pour des démonstrations de culture de colza Clearfield. Ce produit est promu par la firme américaine Monsanto et par le groupe allemand BASF qui le présente comme « l'innovation pour un désherbage raisonné du colza ».
Les faucheurs, eux, réclament que cette variété « rendue tolérante aux herbicides par mutagenèse » soit incluse dans le champ d'application de la législation sur les OGM. Car pour eux, ce colza a été « génétiquement modifié pour résister, après sa levée (au stade de quatre à six feuilles), à des herbicides habituellement utilisés sur céréales », et cela constitue « une aberration ».
« Nous appelons les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s'adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides », écrivent les faucheurs volontaires dans un communiqué publié lundi.
Le 7 juin, une soixantaine de gendarmes les avait empêchés d'envahir ce même champ. Les forces de l'ordre s'étaient interposées entre ces militants et des agriculteurs et représentants de la FDSEA, excédés, qui dénonçaient « une forme d'intégrisme et d'acharnement des anti-OGM qui ne laissent pas faire la recherche ».
Des faucheurs avaient déjà saccagé ce type d'essais mis en œuvre par le Cetiom en avril dans la Meurthe-et-Moselle et en mai en Charente-Maritime.
Le ton est encore monté entre anti- et pro-OGM depuis que les services de l'État ont détruit, le 5 juin, trois champs de maïs transgénique dans le Midi, en vertu de l'interdiction de ce type de culture en France, confirmée à la fin de mai 2014 par le Conseil constitutionnel.
Retirer le colza muté du marché » (Confédération paysanne)
La Confédération paysanne apporte tout son soutien aux faucheurs qui ont détruit hier neuf parcelles expérimentales de colza muté. En effet, alors que la culture des maïs OGM a été interdite en France, autoriser la libre circulation de colza muté non étiqueté est parfaitement incohérent ! », estime le syndicat dans un communiqué.
« Ces plantes VrTH (variétés rendues tolérantes aux herbicides) conduiront inévitablement à une utilisation accrue d'herbicides. Par ailleurs, la contamination massive des autres champs de colza, ainsi que de toutes les autres cultures agricoles et des plantes sauvages et apparentées, sera inévitable. Leur laisser le champ libre va donc clairement à l'encontre de l'agroécologie prônée par Stéphane Le Foll. Cela correspond par contre à la volonté des lobbies qui a permis l'assouplissement de la règlementation européenne ! »
« Le gouvernement peut et doit retirer les semences de colza muté du marché ! Il faut cesser de se défausser et avoir enfin une politique agricole cohérente, et tournée vers un avenir qui ne soit pas celui des multinationales mais celui d'un environnement sain et d'une alimentation de qualité », conclut la Confédération paysanne.
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mardi 17 juin 2014 - 20h03
Saisissez leurs biens pour rembourser les dégats. La terreur écologique ça suffit.