Les opposants à l'exploration et l'exploitation des huiles et gaz de schiste se sont mobilisés ce week-end en France.
Sur les contreforts du Larzac, à Nant (Aveyron), la population d'un millier de personnes a été multipliée avec l'afflux de 8.000 manifestants selon les organisateurs, 4.000 ou 5.000 selon la gendarmerie, venus dire « Non au gaz de schiste, ni ici, ni ailleurs ».
A Cahors (Lot), le même mot d'ordre a réuni 5.000 personnes dimanche selon l'organisation, 3.200 selon la police.
Samedi à Donzère (Drôme), dont le maire est le ministre de l'Energie Eric Besson, ils étaient 4.000 selon les organisateurs et les gendarmes, et à Meaux (Seine-et-Marne) le même jour entre 1.500 selon les policiers et 2.000 selon les organisateurs.
Depuis vendredi, les opposants se sont aussi mobilisés à Aix-en-Provence et Marseille (Bouches-
du-Rhône), Brignoles (Var), Rousson (Gard), Lons-le- Saunier (Jura) et Blyes (Ain).
« Cette journée de mobilisation est en train de (...) changer la donne », a déclaré José Bové, à Nant, pas très loin de chez lui. « Je suis sûr que tous les ministres savent ce qui est en train de se passer à Nant, je suis sûr que tous les députés nous observent », a-t-il lancé à une foule d'éleveurs de brebis, de défenseurs de l'environnement, d'altermondialistes, réunis entre plateau du Larzac et massif des Cévennes pour une manifestation festive et familiale.
Le message de ce week-end de « lutte » organisé par les collectifs qui se sont formés un peu partout en France quand les projets gouvernementaux ont été progressivement révélés au public était le suivant : les permis délivrés doivent être abrogés, et la récente reculade du gouvernement n'entamera pas la mobilisation.
Face au vent de fronde qui s'est levé au cours des derniers mois, le Premier ministre François Fillon a annoncé l'annulation des permis déjà accordés. Il a laissé la porte ouverte à une exploitation future des gisements, avec d'autres techniques.
Dans les faits, la France semble près d'interdire l'exploration et l'exploitation des gaz et des huiles de schiste. L'examen, selon la procédure d'urgence, d'une proposition de loi en ce sens est prévu le 10 mai.
Un rapport officiel américain, publié samedi, révèle que l'extraction de gaz de schiste par fraction hydraulique aux Etats-Unis s'est faite entre 2005 et 2009 avec l'injection de plus de 2.500 produits chimiques.
Evoquant ce rapport, l'association Générations futures a dénoncé une nouvelle fois « le mythe de la fracturation hydraulique propre ».
Rédigé par la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des Représentants des Etats-Unis, le document fait le point sur les produits chimiques utilisés par 14 compagnies de production de gaz et de pétrole de schiste entre 2005 et 2009.
« Au total, les 14 compagnies ont utilisé plus de 2.500 produits pour la fracturation hydraulique contenant 750 substances chimiques (...) dont 29 sont connus pour être des cancérigènes ou suspectés comme tels ou représentant des risques pour la santé et l'environnement », selon le résultat des recherches des parlementaires américains.
Le rapport cite notamment le benzène, le toluène, le xylène et l'éthylbenzène. Selon les parlementaires, les compagnies ont, en outre, utilisé des produits dont ils ont refusé de révéler la composition exacte frappée du secret de fabrication.
L'extraction par fracturation hydraulique nécessite l'injection dans la roche de grandes quantités d'eau additionnées de produits chimiques pour faciliter les flux des hydrocarbures libérés. « Même si certains fluides de fracturation sont retirés du puits à la fin du processus, une quantité importante reste quand même sous terre », selon le rapport.
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