Un calme relatif régnait dimanche à la mi-journée devant une usine laitière à la Réunion, théâtre de heurts samedi soir entre des grévistes bloquant l'entrée et des éleveurs voulant livrer leur lait, a constaté une correspondante de l'AFP.
Les salariés de la Compagnie laitière de La Réunion (Cilam), qui transforme la production locale réunionnaise, réclament des hausses de salaire et de meilleures conditions de travail. Leur grève dure depuis une semaine.
Les heurts se sont produits samedi vers 21 heures : après plusieurs heures d'attente devant l'usine, une quarantaine d'éleveurs ont tenté de forcer le piquet de grève et de faire entrer cinq camions de lait dans la cour de l'entreprise.
Ils ont aspergé les grévistes de lait alors que des insultes et des coups étaient échangés. Les éleveurs ont finalement reculé. Ils ont ouvert les vannes de camions et déversé des milliers de litres de lait sur la chaussée avant de quitter les lieux.
« C'est dégoutant ce qui se passe. Je n'ai pas d'autres mots. Il faut que la direction arrête avec ce blocage. Elle crée les conditions pour qu'une étincelle pète et que tout explose », a déploré Clara Derfla, dirigeante de l'union régionale sud de la CGTR (Confédération générale des travailleurs de La Réunion). C'est ce syndicat majoritaire à la Cilam et le SAFPTR (Syndicat autonome de la fonction publique territoriale de La Réunion) qui ont appelé à la grève.
« Nous n'avons pas à juger des revendications des grévistes, nous voulons simplement qu'ils nous laissent livrer notre lait », a expliqué Laurent Boyer, éleveur basé à la Plaine des Cafres (sud de l'île). Il dit avoir déjà jeté plus de 15.000 litres de lait et avoir perdu plus de 7.000 euros.
Les revendications des grévistes se basent sur un audit comptable qui a montré « un partage des richesses défavorables aux salariés » de cette entreprise qui distribue des dividendes à ses actionnaires (2,5 millions d'euros chaque année, selon le syndicat).
Malgré les appels au dialogue de la préfecture, la direction refuse toute négociation. Vendredi, elle a déposé une requête en référé et a obtenu du tribunal une décision ordonnant aux grévistes de libérer les accès de l'usine sous peine d'une amende de 1.000 euros par infraction constatée. Cette décision n'a jusqu'à présent eu aucun effet sur la détermination des grévistes.
Les 81 élevages de La Réunion, essentiellement basés sur les hauteurs de la région sud, produisent annuellement environ 20 millions de litres de lait. Pour satisfaire le marché local, 140 millions de litres de lait et de produits laitiers sont importés par an.