Les préoccupations nutritionnelles de nos concitoyens pèsent sur les transformateurs laitiers. Il faut dire que les politiques françaises et européennes de santé publique, destinées à promouvoir une alimentation plus saine et à lutter contre l’obésité, se traduisent souvent par des cadres réglementaires lourds. Ils sont confrontés à une «offensive extrêmement violente contre les produits laitiers», a constaté Olivier Picot, président de l’Association de la transformation laitière française (Atla), lors d’une conférence de presse le 19 mars. «La loi de santé publique et les messages sanitaires contribuent à faire des produits manufacturés les seuls responsables de la situation, dans une démarche court-termiste.»
Le lait de consommation échappe aux messages sanitaires dans les publicités, désormais obligatoires en France pour les aliments manufacturés. En revanche, tous les produits laitiers seront vraisemblablement concernés par les «profils nutritionnels» (les teneurs en matière grasse, en sucre, en sel…) concoctés par Bruxelles. Un produit alimentaire ne pourra plus porter d’allégations sanitaires (par exemple riche en calcium) s’il ne possède pas un «bon» profil nutritionnel, qui reste encore à déterminer. L’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) devrait en fournir un référentiel au début de 2008. Les industriels redoutent que cette allégation facultative ne dérive vers un étiquetage obligatoire, qui diaboliserait les produits non diététiques.
«Cette préoccupation santé est légitime, précise Olivier Picot. Nous ne contestons pas le débat, mais nous contestons les solutions mises en place. Le dispositif actuel est inefficace. Nous risquons de nous voir interdire le fait de dire que le fromage est riche en calcium et de nous voir imposer une baisse massive du taux de matière grasse. Or faire disparaître le produit ne résoudra pas le problème de l’obésité, mais ça coûte moins cher que développer l’éducation nutritionnelle.»