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Interview du président de Sodiaal Union

« Un prix C du lait n'est pas à l'ordre du jour » (François Iches)

Publié le vendredi 13 janvier 2012 - 10h33

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François Iches, président de Sodiaal Union. Photo : E. Roussel/GFA
François Iches, président de Sodiaal Union. Photo : E. Roussel/GFA

Sodiaal mettra-il en place un volume C avec un prix C lors de la prochaine campagne laitière ?

Non ! Ce n'est pas à l'ordre du jour. Sodiaal s'est engagé en avril 2011 dans un système de doubles volumes-doubles prix baptisés A et B. Il continue sur cette voie selon les principes définis au départ. C'est-à-dire des litrages A et B qui évoluent année après année en échange d'une suppression de la flexibilité additionnelle. Et ce de façon à ne pas léser les producteurs. Mais il n'y a pas de prix C, D, W comme l'imaginent certains. Là où il y a confusion, et peut-être un peu de rapidité dans certaines déclarations, c'est que, derrière le prix B, il y a un calcul de l'interprofession. Celui de la valorisation beurre-poudre du lait qui ne correspond pas à celle rencontrée par les entreprises sur le marché.

 

 

A combien estimez-vous cet écart ?

 

Une étude conduite par un cabinet externe, à la demande du Cniel, estime que la valorisation calculée pourrait dépasser de 15 €/1.000 l la réalité. Cela peut varier d'une entreprise à l'autre. Nous savons que les transformateurs ont des efforts à faire pour améliorer cette rentabilité. Mais cela fait déjà plus d'un an que nous dénonçons cette situation. Une interprofession efficace n'élude pas les sujets, mais les affronte. Cette question doit être traitée au niveau interprofessionnel. Sodiaal ne se lancera pas dans une démarche isolée.

 

 

Et si l'interprofession ne trouve pas de solution ?

 

Du 1er avril 2012 au 31 mars 2013, nous restons sur le schéma défini au lancement de notre démarche. Puis, nous tirerons les leçons de ce que nous avons pu faire avancer au Cniel, ou pas. Et, à ce moment là, le conseil d'administration de Sodiaal se réservera le droit de prendre des mesures ou non. Tout le monde dit qu'il faut investir, aller sur les marchés mondiaux, réhabiliter les tours de séchage... mais personne ne parle du coût. Quelles entreprises l'assumeront, quand on voit qu'aujourd'hui beaucoup ont du mal à appliquer l'accord interprofessionnel tel qu'il est ? Chez Sodiaal, nous préférons dire que l'on applique l'accord, mais qu'à l'intérieur, on parle de tout, y compris des sujets de divergence.

 

 

Pourquoi ces discussions interprofessionnelles n'avancent-elles pas ?

 

Parce que la plupart des industriels majeurs veulent rester sur un prix unique. Et que tout le monde soupçonne l'autre de vouloir payer le lait moins cher pour être concurrentiel sur les marchés. Il n'y a rien de tangible derrière cela. Rien que des suspicions qui font que les industriels sont très réticents à modifier du moindre iota l'accord interprofessionnel. Mais, d'un autre côté, ces gens se plaignent que des entreprises décrochent des recommandations interprofessionnelles en termes de prix payé aux producteurs. Une entreprise qui a décroché fortement, c'est bien qu'elle a un problème. Ce n'est pas pour le plaisir de torturer ses adhérents. Ne vaut-il pas mieux remettre les choses sur la table ? Et penser aux investissements et au renouvellement d'outils à faire, sachant que les pays voisins, eux, y travaillent.

 

 

C'est tout le débat autour de l'étanchéité des volumes ?

 

Exactement. Ce sont deux visions différentes de la politique laitière. Surtout, nous nous projetons pour la sortie des quotas. Et il faut rappeler que les coopératives ont un engagement différent des industriels privés sur le plan juridique. On ne peut pas dire que c'est un plus ou un moins, mais une coopérative est tenue de collecter tout le lait de ses adhérents, qu'il y ait des quotas ou pas. On n'entend pas revenir sur cette base juridique. C'est le fondement même de la coopération. Mais ça veut dire que demain, s'il y a des tsunamis de lait comme en annoncent certains, nous devrons être à même de le rémunérer au meilleur prix. Et, en tout cas, de ne pas faire effondrer le corps du métier. C'est pour ça que nous, nous sommes plus favorables à ce système de double volume-double prix.

 

 

2011 était-elle la bonne année pour lancer ce système de double volume-double prix ?

 

Tout le monde nous disait que nous allions faire d'immenses économies avec le prix B. Finalement, Sodiaal aura donné à peu près 4 millions d'euros supplémentaires à ses producteurs grâce ou à cause du prix B. Ce dernier a largement dépassé le prix A par moment. Mais nous avons respecté la règle du jeu. S'engager dans les prix A et B, c'était aussi accepter de redistribuer des litrages et donner des allocations provisoires afin que les gens qui peuvent produire un peu plus le fassent. Ce n'était pas concevable sans ce prix B à moins de faire du lait spot et que tout le monde y perde.

 

Il y a des produits qui ont une certaine valeur marchande dans les canaux de distribution classiques : ce sont les PGC (produits de grande consommation). Et puis, il y a le marché mondial. Quand ce marché mondial tire comme aujourd'hui, très bien. Quand il tirera moins, il faudra s'adapter à nos concurrents étrangers. Mais je pense que cette formule de double volume-double prix est une bonne solution. La seule, je n'en sais rien. Il y a aussi celle qui consiste à bloquer les compteurs à un moment donné mais, comme je vous l'ai dit, les coopératives ne peuvent pas l'appliquer.

 

Propos recueillis par Eric Roussel


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