Depuis l’été 2003, le niveau de la nappe de Beauce ne cesse de baisser. En avril de l’année dernière, le premier seuil d’alerte est franchi: les 3.300 irrigants concernés ont l’interdiction de consommer plus de 90% de leur quota de référence établi en 1996. Dans la partie blésoise de la nappe (Loir-et-Cher) dont le fonctionnement hydrologique est plus sensible à la pluviométrie de l’année, le plafond est même fixé à 60% du volume de référence. Comme les pluies de cet hiver n’ont assuré aucune recharge de la nappe, une restriction supplémentaire vient d’être décidée pour cette année. Respectivement 65% et 50% du quota de référence pour la grande nappe de Beauce et pour la Beauce blésoise.
Cette décision oblige les producteurs à faire des choix. «Les agriculteurs réserveront leurs volumes aux cultures qui valorisent le mieux l’irrigation, au détriment du blé», indique Pierre Cormier, président du syndicat des irrigants du Loir-et-Cher. Les irrigants acceptent plutôt bien cette décision, car elle est assortie de l’engagement de l’Etat de ne pas interrompre l’irrigation estivale. «Même avec des volumes réduits, c’est toujours mieux que la gestion calendaire où il était beaucoup plus difficile d’anticiper», précise Pierre Cormier. Pourtant, Pascal Billault de l’agence de l’eau Loire-Bretagne n’écarte pas l’éventualité d’une interdiction en cas de sécheresse estivale, «les piézomètres sont à leurs niveaux les plus bas jamais connus, la campagne de 2007 va être très dure » .
Dans son système de gestion volumétrique, l’Administration souhaite mieux tenir compte de la réactivité à la pluviométrie. C’est pourquoi, dans les zones du Blésois et de la région du Fusain et du Gâtinais (Loiret), des indicateurs propres vont être créés à partir des mesures des piézomètres locaux et du débit des rivières. Quant au centre de la nappe de Beauce, il ne sera plus suivi par neuf piézomètres mais seulement par cinq: exit ceux dont le niveau évolue peu. De cette façon, «les agriculteurs du centre de la nappe seront solidaires des obligations des irrigants de la périphérie», souligne Jean-Marc Leluc, président du syndicat des irrigants du Loiret.