« Pour la première fois nous avons l’occasion de construire l’Europe - agricole - que nous voulons… A nous de montrer notre force de proposition en restant humble, à l’écoute des autres pays et en n’étant pas les seuls à faire de la résistance gratuite. Pour poser les premières pierres d’une politique agricole française qui soit vraiment européenne et comprise par la société civile » a lancé Hervé Morize, président de la Saf (société des agriculteurs de France), en guise de conclusion des entretiens de la rue d’Athènes jeudi 25 janvier à Paris.
Il refuse de laisser croire que ce sont l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et les institutions européennes qui décident de tout. « Nous donnons raison à Mme Fischer Boel - commissaire européenne à l’agriculture - pour réfléchir dès maintenant à l’après 2013 », a martelé Hervé Morize.
Pour illustrer son propos le président de la Saf a comparé l’UE à une famille qui s’élargissait dans le cadre d’une baisse de budget qui rend l’acceptation des autres de plus en plus tendue. « Il faut dépasser les questions d’héritage, de pièces rapportées ou de bijoux de famille… et admettre que l’ordre des priorités peut changer », a déclaré Hervé Morize.
Le président de la Saf a dégagé plusieurs lignes de force pour guider cette réflexion. « Nous ne pouvons plus rester une forteresse dans un espace mondial de construction des échanges, a-t-il expliqué. Les éléments sociaux ou fiscaux franco-français ont en réalité un impact plus important sur nos entreprises agricoles que le budget de la Pac. La question du nombre d’agriculteurs ne doit pas obséder la réflexion car la Pac a été conçue pour des questions de parité de revenu et non pas d’effectif d’agriculteurs. Le cofinancement ne doit pas être confondu avec renationalisation ».
Pour sa part Daniele Bianchi, le représentant de Mariann Fischer Boel, a confirmé que le bilan de santé lancé en 2008 « ne se contenterait pas de dresser un état des lieux mais proposerait aussi des remèdes » . Sont particulièrement visés le gel des terres, l’augmentation du découplage ou encore la simplification de la conditionnalité…