Avec une partie de son lait non contractualisé et donc bradé à bas prix, l’Union régionale des coopératives de vente de lait du Rhône-Alpes (URCVL) a souffert du mauvais état du marché. L’échec de sa stratégie de transformation a accentué les difficultés. Sollicités financièrement depuis l’automne de 2008 pour combler les pertes, les éleveurs s’interrogent sur les conditions dans lesquelles ils seront collectés et payés demain.
Un plan de démantèlement de l’entreprise, avec reprise des producteurs par les autres opérateurs régionaux, a été élaboré sous l’égide de l’interprofession régionale (Criel). Mais les grands groupes laitiers ne se sont pas encore engagés formellement. Le 14 décembre 2009 à Lyon (Rhône), une table ronde doit les réunir. Dans la Haute-Loire, où l’URCVL collecte 130 millions de litres chez 800 producteurs, l’inquiétude est vive: après la sécheresse de l’été et avec un prix du lait de 238 €/1.000 litres (prix de base Criel – 18 €/1.000 l de flexibité) en décembre, les trésoreries sont exsangues.
André Bonnard, représentant la FRPL (Fédération régionale des producteurs de lait), a participé aux négociations de reprise. «Nous sommes dans la phase ultime des négociations de reprise de la collecte, explique-t-il. Les volumes contractualisés [entre l'URCVL et les industriels, ndlr] devraient être repris par les industriels et intégrés à leur collecte.»
L'enjeu est de trouver des repreneurs pour le solde, c'est-à-dire le lait non contractualisé (100 millions de litres initialement, qui ont eu tendance à augmenter jusqu'à 200 millions de litres au cours de ces derniers temps). Cela pourrait être ceux qui achètent du lait spot. «Mais il n'y aura pas d'arrêt de collecte», rassure André Bonnard.
Autre région, même inquiétude. Le GIE Sud Lait, né d'un différend entre des producteurs et Lactalis, n'aura bientôt plus de clients. En effet, l'espagnol Leche Pascual, qui les collectait jusqu'à présent, devrait arrêter au 31 décembre 2009. La zone étant plutôt déficitaire en lait, il ne devrait pas y avoir de grosses difficultés pour une répartition de la collecte entre les autres industriels présents dans le secteur. Mais ces derniers pourraient faire monter les enchères en se faisant tirer l'oreille avant de dévoiler leurs conditions de reprise.