A l'occasion du conseil national de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le 21 novembre, le président Henri Brichart et le secrétaire général Thierry Roquefeuil ont fait un point de la situation de la filière laitière.
Bilan de santé
«Sur le bilan de santé de la Pac, nous sommes amers et un peu révoltés. La Commission fait une erreur d'analyse, ont-ils déclaré. Elle baigne dans l'euphorie, face à la conjoncture inhabituelle. Mais, même si les perspectives à moyen et long terme sont plutôt bonnes, on oublie un peu vite la situation dans laquelle les éleveurs se trouvaient il y a seulement un an: certains ne savaient pas s'ils continueraient à être collectés.»
Quotas laitiers
Sur les quotas, la FNPL est réaliste: il est peu probable qu'ils survivent au-delà de 2015, bien que cet instrument lui semble la politique de gestion de marché la plus appropriée, pour les producteurs comme pour les consommateurs. Henri Brichart exprime une inquiétude sous-jacente: «Supprimer les quotas redonne du pouvoir aux industriels face aux producteurs. Mais tant qu'ils seront là, c'est-à-dire jusqu'au 31 mars 2015, la FNPL se battra pour qu'ils jouent leur rôle jusqu'au bout. La hausse arbitraire de 2% que propose Mariann Fischer-Boel est sans lien avec le marché et ne nous convient pas du tout.»
Cela dit, pour les producteurs en capacité de produire, il serait dommage de passer à côté de la manne. «Nous travaillons à une solution alternative, précise Henri Brichart. Nous préférerions un mécanisme flexible, par exemple la possibilité de repousser le seuil de déclenchement du superprélèvement (appliqué en cas de dépassement de quota) suivant la conjoncture. C'est plus souple qu'une hausse définitive des références, comme le propose la commissaire, surtout si la conjoncture se retourne.» L'Allemagne et le Royaume-Uni ne semblent pas hostiles sur le principe.
Régulation
La dérégulation en marche depuis 2003 ne s'est pas traduite par un bénéfice, que ce soit pour les producteurs ou pour les consommateurs. Quota ou pas, le secteur laitier a besoin d'une régulation. La piste la plus réaliste est celle de la contractualisation, qui peut apporter de la prévisibilité aux industriels et aux éleveurs, estime la FNPL. «La réflexion est en cours, il s'agira d'un des gros dossiers de l'hiver.» Une autre piste, la «fluidité de la gestion des quotas», autrement dit la possibilité de transferts de références laitières non utilisées d'un département excédentaire à un département déficitaire, au sein d'une même région.
Prix du lait
Du côté des prix, l'optimisme est de mise pour 2008. «Mais cette hausse était obligatoire pour qu'on continue à produire du lait en France», relativise Thierry Roquefeuil. La seule ambition de la Commission semble de faire baisser les prix aux producteurs, «ce qui ne peut pas nous aller!», ironise Henri Brichart. Et ce qui ne semble pas exactement le cas aujourd'hui, que ce soit en France ou dans les autres pays européens. En Allemagne, le prix est au-delà des 400 €/1.000 litres... Les responsables de la FNPL s'affichent d'ailleurs en faux par rapport à Mariann Fischer-Boel: «Si les producteurs n'obtiennent pas de rémunération intéressante sur le lait, ils feront d'autres choix.» D'où l'enjeu de répercuter ces augmentations sur la grande distribution, et de passer outre la volonté politique de certaines enseignes d'afficher des prix bas. «Les négociations entre industriels et distributeurs sont depuis deux mois dans une situation de blocage», constate Henri Brichart.