« Alors que cinq années se sont écoulées depuis l'abolition des quotas, les producteurs suisses sont toujours privés de conditions stables sur le marché. » Telle est l'une des conclusions d'une étude publiée le 23 juillet 2014 par l'European Milk Board (EMB). Analysant les répercussions de la suppression en Suisse des quotas laitiers en 2009, cette étude met en avant la pression sur les prix payés aux producteurs, notamment lors de baisses des cours mondiaux.
La croissance des volumes a principalement été réalisée par les exploitations de plaines, creusant les écarts avec les régions montagneuses. Les mesures de stabilisation du marché n'auraient été que très partiellement mises en place.
L'étude explique également que la concentration des transformateurs sur le marché suisse s'est renforcée après l'arrêt des quotas. Le nombre restreint d'interlocuteurs aurait contribué à détériorer la position des producteurs. De plus, certaines espérances trop importantes de croissance de la production ont engendré des surcapacités d'équipements industriels, « ce qui pourrait provoquer une forte concurrence pour le lait ».
L'étude évoque aussi un autre élément perturbateur pour l'ensemble du marché laitier helvétique, à savoir la répartition de la croissance volumique au lendemain de la suppression. Ces augmentations portent sur les segments à bas prix que sont le beurre et le lait en poudre et qui n'offrent souvent pour seul débouché qu'une exportation à perte.
Eclairer l'évolution dans l'UE
Cette étude tente d'éclairer sur l'évolution future du marché du lait dans l'Union européenne dont les quotas laitiers prendront fin le 1er avril prochain. Romuald Schaber, président de l'EMB, identifie des parallèles entre la situation suisse et l'abolition des quotas européens.
« Même si les répercussions ne sont pas parfaitement identiques, personne ne peut nier le fait que l'Union européenne va, elle aussi, au-devant de temps très durs », explique-t-il. Le marché, et surtout ses producteurs seraient livrés à eux-mêmes. « Sans instruments efficaces et en l'absence de prix rémunérateurs, de très nombreux agriculteurs seront contraints de jeter le gant aussi dans l'UE. En définitive, ce sont des régions entières qui perdront purement et simplement leur production laitière », anticipe Romuald Schaber.