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La grève a débuté dans plusieurs régions de production

Publié le vendredi 11 septembre 2009 - 17h28

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Photo : C. Thiriet
Photo : C. Thiriet

La grève du lait lancée jeudi en Europe à l'appel des Français a été suivie vendredi par 25 à 30% des producteurs de lait en France, essentiellement dans les régions productrices de l'Ouest et du Nord, et dans d'autres pays européens, a affirmé le président de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli), Pascal Massol.

L'Apli, membre de la fédération des producteurs européens de lait (l'European Milk Board, EMB), a appelé jeudi à une grève européenne pour dénoncer, après plus d'un an de crise du secteur, l'effondrement du prix du lait et la dérégulation du marché décidée par Bruxelles.

«Entre 25 et 30% des producteurs de lait sont déjà en grève dans le Grand Ouest, en Normandie, en Bretagne, dans les Pays de la Loire et le Nord», a affirmé P. Massol, précisant que cette région concentre «plus de 60% de la production du lait.»

Et dans le département du Nord, «après un jour de ramassage, on a environ deux agriculteurs sur cinq qui font la grève mais on n'aura pas la tendance exacte avant lundi puisque la collecte s'organise sur trois jours, a déclaré Karol Bulcke, délégué départemental de l'Apli pour le Nord. Les gens sont motivés».

Vendredi matin, des éleveurs distribuaient gratuitement leur production sur le marché d'Avesnes-sur-Helpe (Nord), après avoir déjà procédé à ce type de distribution sur leurs exploitations la veille.

Philippe Cartieaux, le président des producteurs de lait du Nord, affiliés à la FNPL (association spécialisée de la FNSEA), hostile à la grève, a reconnu que 14 producteurs sur 70 (soit un sur cinq) étaient en grève, d'après le GIE de collecte de lait de l'Avesnois, principal bassin laitier du département. Mais, selon lui, une autre laiterie contactée a indiqué ne pas avoir d'écho de grève du lait.

A Toulouse, vendredi matin, place du Capitole, une vingtaine de manifestants producteurs, parmi lesquels plusieurs dirigeants nationaux de l'Apli, ont distribué le contenu d'une citerne de 1.300 litres de lait, demandant 25 centimes par litre pour le prix de la bouteille et du bouchon. «24 centimes, c'est le prix qu'on nous paie le litre de lait, alors qu'industriels et grande distribution se gavent, on veut une répartition plus équitable de la marge», explique un éleveur tarnais Pierre Robert.

«Nous voulons un prix de 40 centimes le litre et une stabilisation des cours en confiant la régulation des volumes aux producteurs par une information permanente sur l'état du marché», explique Sophie Poux, vice-secrétaire nationale de l'Apli, productrice dans le Tarn-et-Garonne. Les producteurs de Tarnais de l'Apli assurent qu'ils veulent continuer à sensibiliser la population en donnant une partie de leur lait, le reste allant à l'égoût.

«On va essayer de jeter le moins de lait possible et organiser dans toutes les grandes villes des opérations pacifiques pour informer les consommateurs», a déclaré P. Massol. «On va transformer le lait chez nous (fromage, beurre, yaourt) mais on n'aura pas les moyens de tout donner car il y a trop de lait», a-t-il expliqué.

«Le lait frais sort de la ferme à 27 centimes et le consommateur le paie 1,50 €», a-t-il expliqué, dénonçant les marges prises par les «industriels et les centrales d'achat».

«Si on n'a pas un prix décent, on va être obligé de baisser la qualité du lait», en ajoutant par exemple de l'huile de palme dans l'alimentation du bétail. «Et si on continue, on va vers un nouvelle vache folle», affirme-t-il.

A Cartignies, dans le département du Nord, jeudi soir, Karol Bulcke a déversé dans une fosse à lisier le reliquat de production qu'il n'avait pas écoulé plus tôt dans la journée, à titre gratuit, sur les marchés. «A partir de ce soir, le lait n'est plus collecté. On va faire un marché par jour pour le donner, et le reste partira en fosse», déclarait-il jeudi soir. Les grévistes ont d'ailleurs demandé aux maires des communes environnantes d'informer leurs administrés que le lait serait offert tous les matins à la ferme, puis sur les marchés, avant d'être jeté.

«Maintenant il va falloir régler la trésorerie. On va faire la grève des paiements» pour faire face aux charges les plus urgentes et, en particulier, l'alimentation des bêtes qui absorbe les deux tiers du budget, selon Karol Bulcke.

Les éleveurs réclament un prix minimal entre 350 et 400 euros les 1.000 litres, contre 260 à 280 euros actuellement en France.

Dans l'Orne, Anton Sidler, responsable local de l'Apli, annonce «une bonne quarantaine de pour cent de participation». Le Finistère a aussi vu «entre 30 à 40%» de mobilisation, selon l'Organisation des producteurs de lait.

Dans l'Ain, une cinquantaine de membres de l'Apli ont ouvert les vannes des tanks, vidant le lait dans les fosses à lisier ou le distribuant à des consommateurs.

De son côté, la Confédération paysanne n'a pas appelé à la grève, mais elle soutient ses adhérents qui participent au mouvement. Certains de ses adhérents ont intercepté des camions de collecte vendredi, à Rostrenen (Côtes-d'Armor), ou dans le Rhône et la Loire, avec une vingtaine d'interceptions de véhicules appartenant à Sodiaal et Lactalis, ainsi qu'à l'Union régionale des coopératives laitières.

«On a décidé le blocage général de la collecte, ainsi de gré ou de force, tous les producteurs sont concernés», a expliqué Jean Cabaret, porte-parole de la Confédération paysanne en Bretagne.

«Cela a aussi démarré dans d'autres pays, en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et aussi en Italie», a assuré P. Massol, de l'Apli.

En Belgique jeudi, à l'appel du Milk Producer Interest Group (Mig), syndicat laitier belge membre de l'EMB, et de la Fédération unie de groupements d'éleveurs et d'agriculteurs (Fugéa), plusieurs centaines de producteurs belges ont voté à l'unanimité la grève du lait, selon Erwin Schöpges.

Le président du Mig affirme que quelque 200 tracteurs bloquaient à la mi-journée l'autoroute E42 à la hauteur de Saint-Vith (près de la frontière allemande) après avoir noyé la chaussée de lait. Et à Charleroi (Sud), une quarantaine d'agriculteurs venus en tracteurs ont déversé plusieurs citernes de lait en face de l'hôtel de ville, alors que dans la matinée à Liège (Est) s'est organisée une distribution de lait aux passants sur la place de la cathédrale.

La grève du lait européenne «peu suivie», selon le président de la FNSEA

La grève du lait est «peu suivie» en France et en Europe et «n'infléchira pas les positions de l'Union européenne» sur la suppression des quotas, a affirmé vendredi, le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, opposé à cette action.

«Je pense que la grève est peu suivie. Chacun est responsable de sa décision dans sa ferme mais je ne me vois pas traire les vaches et mettre le lait dans la fosse à lisier», a déclaré M. Lemétayer. A ses yeux, cette grève «n'infléchira pas les positions ultralibérales de la Commission européenne». Selon lui, «l'heure est à la solidarité entre les producteurs de lait pour tenter de renverser les positions de la Commission».

«Notre travail est de rallier les ministres des pays qui n'ont pas suivi la position défendue par la France et l'Allemagne pour réguler le marché», a-t-il dit, ajoutant que «certains ont des positions irréversibles, comme le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni ou encore les Pays-Bas.»

Il faut qu'ils comprennent que «la volatilité des prix est insupportable et invivable», a-t-il dit, soulignant que les agriculteurs vivent «une catastrophe» en raison de la baisse des prix dans les secteurs du lait, mais aussi de la viande ovine, des fruits et légumes et de la viticulture.

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B.V.


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